Nicolas Sarkozy : Karachi, comptes de campagne…l’ancien président décridibilisé ?

Le mois de janvier démarre sur les chapeaux de roues pour l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy : ralenti dans un bourbier judiciaire, il est accusé, selon Le Monde, d’avoir violé le secret de l’instruction dans le cadre de l’affaire Karachi (2002). Il est également critiqué pour conflits d’intérêt depuis l’annonce de son recours au Conseil Constitutionnel suite à l’invalidation de ses comptes de campagne pour la présidentielle de 2007  par le CNCCFP

Voilà l’ancien chef de l’Etat dans la tourmente : pris en tenaille entre l’invalidation de ses comptes de campagne et une accusation d’avoir violé le secret de l’instruction dans le cadre de l’affaire Karachi, son image se retrouve légèrement écornée.

Il lance un recours contre le rejet de ses comptes de campagne par le CNCCFP.

Mener une campagne politique n’offre pas toutes les libertés. Et Nicolas Sarkozy, qui a un peu trop dépensé dans le cadre de sa campagne en 2007 vient d’en faire les frais.
Le Conseil National des Comptes de Campagne et de Financement Politique (CNCCFP) a annoncé fin décembre 2012 rejeter les comptes de campagne de l’ancien président de la République  : le plafond admis de 22.509.000 euros aurait été dépassé.

Face à cela, que peut faire Nicolas Sarkozy ? Un recours devant le Conseil Constitutionnel…dont il est lui même membre, en tant qu’ancien chef de l’Etat.

On apprend que ce recours pourrait être déposé entre les mains des Sages aujourd’hui ou demain, vendredi 11 janvier. Notons qu’en tant que Sage parmi les Sages, l’ancien président de la République ne participera pas au délibéré sur le dossier.

Pour le reste de la classe politique, cette annonce déplait. Le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis a déploré vendredi 4 janvier que ce dossier soit examiné par des « Sages de droite » : « Ils vont juger du compte de campagne d’un de leurs membres », a-t-il ajouté au micro d’RTL.

Impartialité des décisions, conflits d’intérêts supputés…La situation ne joue pas en faveur de Nicolas Sarkozy, dont certains considèrent que le recours déposé devant les Sages est joué d’avance.

Affaire Karachi : complice du viol du secret de l’instruction ?

« Sauf dans le cas où la loi en dispose autrement et sans préjudice des droits de la défense, la procédure au cours de l’enquête et de l’instruction est secrète » : voilà ce que l’on peut lire à l’article 11 du code de procédure pénale concernant le secret de l’instruction.

Que reproche-t-on à Nicolas Sarkozy dans le cadre de l’affaire Karachi, qui avait débuté en 2002 avec la mort d’onze Français dans un attentat au Pakistan ? D’avoir participé au viol du secret de l’instruction.

En septembre 2011, l’Elysée publie en effet un communiqué dans lequel on peut lire que « s’agissant de l’affaire dite de Karachi, le nom du chef de l’Etat n’apparaît dans aucun des éléments du dossier.  » .

Or, selon la Loi, ni l’Elysee, ni le président de la République, ni personne d’autre en marge du dossier n’était censé être au courant de pièces issues de la procédure. « A le supposer établi, le fait de permettre la divulgation d’informations issues d’une instruction en cours n’entre pas dans les fonctions du Président de la République telles qu’il les tient de la Constitution » , ont expliqué les trois juges chargées de l’enquête sur le communiqué Elyséen qui met en difficulté Nicolas Sarkozy.

Le 18 juin 2012, l’ancien chef de l’Etat fait donc l’objet d’une plainte des familles des victimes de l’attentat. Mais il n’est pas le seul visé : Brice Hortefeux , ministre de l’Intérieur de l’ère Sarkozy, et Franck Louvrier, ancien conseiller de communication du chef de l’Etat, sont également visés par la plainte.

Dans cette affaire, l’ancien président de la République risque une mise en examen  pour violation du secret de l’enquête et de l’instruction, ainsi que celle du secret professionnel.

Malmené dans deux affaires, Nicolas Sarkozy est surtout impliqué dans des situations qui pointent son manque de transparence avec la CNCCFP, et une supposée « consultation » d’une affaire judiciaire en cours.

L’ancien chef de l’Etat voit son capital « honnêteté » terni par ces deux affaires, même si l’affaire du viol du secret de l’instruction n’est pas terminée et qu’il pourrait en sortir blanchi.

Celui que l’on annonçait comme le sauveur de l’UMP il y a un peu plus d’un mois se retrouve en position de faiblesse, ce qui n’aide pas son parti, qui en ait encore à panser ses plaies, dans la reconquête du coeur des Français.

 


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