Depardieu, ministre de la Culture au pays du Goulag ?

Il est pas bien là, paradant dans son costume folklorique aussi chamarré qu’étriqué, portant un toast à cette grande ploutocratie – euh… démocratie pardon – qu’est la Russie, brandissant en guise de verre son nouveau passeport russe ? Paisible, Depardieu l’est, depuis que Poutine l’a fait citoyen russe. A la fraîche, il le sera, s’il s’installe à l’ombre des camps de Mordovie. Que lui manque-t-il pour avoir envie de b… ? Qu’on lui propose le poste de ministre la Culture ?

C’est désormais chose faite ! Au lendemain de l’obtention de son passeport russe des mains de Vladimir Poutine en personne, le comédien franco-russe, Gérard Depardieu, s’est vu offrir le poste de ministre de la Culture par le Gouverneur de Mordovie (Volga). Quelle consécration pour celui qui célébrait la « grande démocratie » russe ! Car la Mordovie est moins réputée pour ses panoramas uniques, ses rivières cristallines et ses forêts luxuriantes, que pour ses camps de prisonniers qui, sur ses terres fertiles, poussent comme des champignons.

Lorsque Gérard Depardieu est descendu de l’avion, dimanche 6 janvier, les hôtes de Saransk, la capitale de la Mordovie (640 km de Moscou) qui compte près de 300.000 âmes, l’ont accueilli en fanfare. Des femmes en costumes traditionnels chantaient sur le tarmac pendant que le Gouverneur mordve, Vladimir Volkov, s’avançait vers le comédien français des étoiles plein les yeux et des cadeaux plein les poches.

Volkov, ravi de recevoir Depardieu, a voulu se montrer généreux en lui proposant de choisir une maison ou un « lopin » de terre pour se faire construire une datcha luxueuse – au milieu d’une forêt ou sur les rives d’un cours d’eau – selon la rédaction d’Itar-Tass. Comme quoi, les Russes savent se montrer hospitaliers. Pas avec tout le monde ! Nombre de leurs concitoyens sont bien moins lotis… Mais, ces milliers de prisonniers qui pourrissent dans les entrailles de l’ancien Goulag mordve n’ont aucun mérite : ils n’ont jamais incarné Obélix, Cyrano ou le Comte de Monte-Cristo, eux.

Car la Mordovie est moins connue pour ses datchas splendides que pour ses cellules sordides réparties dans une vingtaine de camps de prisonniers, dont la création remonte au Goulag stalinien. Actuellement, l’une des deux jeunes musiciennes du collectif féministe de punk-rock Pussy Riot, condamnées pour une prière anti-Poutine en février 2012, purge sa peine dans les geôles de Mordovie.

Selon une source locale citée par l’agence Ria Novosti, le Gouverneur de la Mordovie aurait même proposé au comédien franco-russe de devenir ministre de la Culture : « Si M. Depardieu le souhaite, nous pouvons lui proposer ce poste ». Paroles que n’ont malheureusement pas pu confirmer les médias français, poussés dehors par Gérard Depardieu, selon la télévision russe.

Si l’acteur a poliment décliné l’offre du Gouverneur mordve, il se souviendra encore longtemps de son accueil. Car « Gérard Depardieu a été accueilli comme un héros » à Saransk, selon les dires d’une journaliste de la chaîne russe d’information en continu, Russie 24. Une escale festive dans son escapade en Russie : le comédien est venu participer le 7 janvier aux festivités du Noël orthodoxe. A l’aéroport de Saransk, Depardieu s’est empressé de brandir son passeport flambant neuf devant les objectifs des caméramans et photographes venus l’accueillir sur le tarmac.

« Je suis très content, c’est très beau ici ». Tels sont les propos du monstre sacré du cinéma français, devenu russe le 5 janvier dernier, après avoir caressé l’idée de prendre la citoyenneté belge. Avant de prendre « minablement » la poudre d’escampette, Depardieu s’était délesté de son passeport français pour échapper aux « rapaces » du Fisc. Une décision vivement critiquée par l’opinion, motivée dans une lettre par le comédien. Lettre dans laquelle il avait exprimé son amour de la Russie et de son Président. Provoquant l’ire des opposants à Vladimir Poutine.

Crédit photo : © Reuters


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés