Sarkozy en prime time sur TF1, main-mise sur les médias ?

En pleine polémique sur l’indépendance des médias par rapport au pouvoir politique, le président de la République, reçu en prime time sur TF1 dans une émission taillée sur mesure, va tenter de convaincre le panel de Français qui seront face à lui dans Paroles de Français.

Voilà qui relance le débat sur les médias et le pouvoir! Vincent Peillon, après son coup d’éclat médiatique de la semaine dernière, où il avait fait sciemment faux bond à l’émission-débat d’Arlette Chabot sur l’identité nationale, enfonce un peu plus le clou en dénonçant la « servilité » du service public au président de la République dans un entretien au Monde daté d’aujourd’hui. Il pointe du doigt la nomination du président de France Télévisions par le chef de l’Etat qui sera effective à la fin du contrat de l’actuel n°1 du service public, Patrick de Carolis.

Une télé-Sarkozy? TF1 reçoit en tout cas le chef de l’Etat sur son plateau ce soir, dans une soirée sur mesure qui se déclinera en deux temps : une première partie verra la présentatrice du 20h, Laurence Ferrari interviewer le président à 20h15 pendant son JT. Puis le président rejoindra un studio dans lequel il répondra aux questions d’un panel de Français choisis par la chaîne, au cours d’un débat animé par Jean-Pierre Pernaut, le présentateur du Journal de 13 heures. Ils seront une dizaine, choisis dans d’anciens reportages de la chaîne, et représentant les thèmes du moment : chômeur, patron de PME, retraité, producteur de lait, enseignant, habitant de banlieue etc.

Ce n’est pas la première fois que Nicolas Sarkozy tente d’innover en matière d’intervention télévisée sous forme de prime-time. Il cherche un second souffle en choisissant cette fois-ci le journaliste préféré des Français, dont le journal télévisé affiche un audimat en pleine santé, avec 7 millions de téléspectateurs. C’est donc le président qui a exigé d’avoir Jean-Pierre Pernaut pour interlocuteur lors de « sa » soirée. Les réactions dans le monde politique ne se sont pas fait attendre : Du côté du PS, on dénonce la complaisance de TF1, ainsi que les « liens coupables entre Sarkozy et les groupes industriels qui contrôlent les grands groupes de médias« . On sait en effet que nombre de médias sont aux mains d’industriels proches de Nicolas Sarkozy, comme Serge Dassault (patron du Figaro), Arnaud Lagardère (Europe 1, le Journal du Dimanche, Paris Match) ou encore Vincent Bolloré (Direct 8 et les gratuits).

Mais ce n’est pas non plus le premier président de la République à choisir l’animateur de son intervention télévisée. Avant lui, Jacques Chirac et François Mitterrand avaient fait de même. Cependant, ses deux prédecesseurs à l’Elysée n’étaient pas des adeptes de ces rendez-vous télévisés, et s’affichaient moins dans les médias, surtout aux côtés de ceux-là même qui les dirigent…





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