Le mariage homosexuel : Un débat qui camoufle la discrimination.

Article rédigé par Jonathan Chamson

Le mariage homosexuel : Un débat qui camoufle la discrimination.

« Regardez dans l’Histoire, la Grèce, c’est une des raisons de sa décadence. C’est l’arrêt de la famille, c’est l’arrêt du développement des enfants, c’est l’arrêt de l’éducation, c’est un danger énorme pour l’ensemble de la nation, énorme. »

Serges Dassault

Quel horrible syllogisme primaire qui lie deux faits historiques sans liens directs. Dassault  a lié ce que l’on suppose être la pédérastie ou l’intérêt érotique de l’erastes, un homme adulte pour l’eremenos, un jeune partenaire dont l’âge varie entre 12 et 18 ans et notre système économique crée environ deux ou trois millénaires plus tard. Avons-nous réellement besoin de s’approfondir l’explication ? Ou le lectorat arrivera à comprendre l’absurdité des paroles de notre milliardaire. L’homosexualité entraîne la crise ! Il n’est plus question « d’un matraquage médiatique » (cf : « Mariage gay : de la poudre aux yeux pour masquer la crise ? » du 6 novembre 2012 sur Planete Campus) mais d’un message contre le danger de la décadence sexuelle ! Merci Dassault.

L’intolérance contre cette communauté n’est pas nouvelle mais éclairons un peu le sujet en nous concentrant sur la question du rejet du mariage, de l’adoption et les craintes d’une égalité des droits de cette part de la population.

Protégeons nos enfants !

Avec les récents événements, notamment ces multiples manifestations qui s’opposent de manière très active contre le mariage et l’adoption homosexuelle, les citoyens français présents viennent de détruire les fondements même de notre république. « Liberté, égalité, fraternité » qu’on pourrait compléter par « oui, mais pas trop s’il vous plait. ».  On vous accorde le droit d’exister, mais n’espérez pas vivre comme nous…

Je ne veux pas réduire les manifestants à de simples homophobes, mais l’image est trop choquante pour la communauté homosexuelle pour ne pas dénoncer une intolérance. Le clou du spectacle pour faire dans le sensationnel et attirer l’attention est cet horrible oiseau argenté avec inscrit sur chacune de ses ailes « papa » et « maman » qui signifient métaphoriquement « L’homoparentalité est dangereuse pour l’intégration sociale de l’enfant. ». Nauséabonde, cette intolérance enracinée par le dogme judéo-chrétien ne doit pas à notre époque de discriminer une tranche de la population. Le mariage est une institution pour l’instant hétérosexuelle et inaltérable. Si je reprends une définition du même site que la citation précédente, nous pouvons y lire :

« Elles contreviennent à la fois aux lois de Dieu, aux lois naturelles et au simple bon sens le plus élémentaire. Si elles venaient à être approuvées par le législateur, elles défigureraient la nature de la Famille, socle de base de la société, et conduiraient à un bouleversement qui affecterait toutes les familles de France. Le mariage n’est pas une reconnaissance sociale de l’amour mais un engagement du couple à constituer une famille et, de manière biologique et anthropologique, à assurer la pérennité de la société et du pays »

Derrière les mots, l’homosexuel serait donc un blasphémateur, contre-nature, immoral et dangereux pour les fondements même de la famille et de la société. Le mouvement « un Papa, une Maman » met en avant l’enfant pour avoir un prétexte d’être aussi virulent. Être élevé par un couple homosexuel serait destructeur pour la construction psychologique de l’enfant. Le professeur Regnerus de l’université de Texas sert de principal argument « scientifique » aux idées du mouvement, contestant l’APA (American Psychological Association) disant qu’ «  Aucune étude n’a conclut que les enfants de parents gay ou lesbiens étaient désavantagés de quelque façon que ce soit par rapport aux enfants de parents hétérosexuels. ».

 Après avoir trouvé un lugubre fichier pdf sur le net, nous pouvons constater que l’étude est n’est pas objective et clairement orientée. Les 3000 adultes qui servent d’échantillon mondial et ayant été élevé par des parents homosexuels serait d’après le prof : plus enclin au chômage, à la dépression, à la drogue et à une santé physique moins bonne. Regnerus a raison, notre monde est si rose sans les homos et les familles hétéros n’engendrent que des bons enfants bien portants!

Les couples homosexuels portent encore des préjugés lourds qui les définissent comme immoraux, ainsi nous pouvons voir, dans le site Newsring qui entretient un débat entre les internautes, que l’assimilation des homosexuels à la polygamie est encore présente. Or comme nous le démontre une étude fait en 1999, No Place Like Home : Relationships ans Family Life Amoung Lesbians and Gay Men, que la structure familiale est similaire à la notre, c’est-à-dire monogame. Cette liberté sexuelle et cette frivolité existe, mais peut-on réellement privé la construction de famille à cause de préjugé persistant ? Toutes les familles homosexuelles ne se livrent pas à « la décadence » et à l’orgie, certains veulent juste vivre comme les autres avec leurs différences. Etait-ce nécessaire de souligner cette évidence ?

Le doute à propos de l’équilibre de l’enfant dans le cas de l’homoparentalité est étrangement tabou.

Si nous laissons la parole aux enfants sur sujet, nous constatons que le problème n’est pas situé au sein même de la famille, mais plutôt dans le regard de la société.

En suivant la logique des opposants à l’adoption, sous le prétexte d’un trouble de la reconnaissance « homme et femme », les familles monoparentales et les familles recomposées eux aussi enclin à perturber les repères de l’enfant. Après tout, une mère célibataire élevant un enfant ne peut donner l’image d’un père à son enfant. Je ne comprends pas cette persistance dans cette volonté de prétendu « équilibre », ce qui nous nommons normal n’a pas de sens en sexualité, l’enfant ne va pas interagir uniquement avec ses parents, il rencontrera des hommes et des femmes qui vont façonner son esprit.

Rien ne démontre que l’homoparenté n’entraine une homosexualité chez l’enfant qui peut prendre ses modèles relationnels ailleurs. Et comme dit précédemment l’APA et une étude française du pédopsychiatre français Stéphane Nadaud, mettent en évidence que des parents homosexuels ne perturbent en rien l’équilibre de l’enfant.

L’homosexualité et ses diverses interprétations

Si nous nous plongeons dans l’histoire de l’homosexualité, il est fascinant de voir que cela a commencé en des temps immémoriaux, chaque civilisation a eu son interprétation de cette facette de l’homme.

Le monde n’a donc pas toujours été aussi intolérant vis-à-vis de l’homosexualité, par exemple, l’étude de Gilbert Herdt nous montre qu’en Nouvelle-Guinée, chez les Sambias, l’homosexualité est un rite d’apprentissage. Les garçons sont initiés sexuellement par d’autres plus âgés. Et une fois devenu « homme » par ce rite, ils avaient alors des relations avec des femmes, l’homosexualité est donc vue d’un angle positif de l’ordre de l’instruction et non pas comme une déviation contre nature.

Les indiens d’Amérique ont eux une perspective de la sexualité toute autre que la notre. Ce concept peut s’étendre jusqu’à nous, c’est un véritable enseignement qu’est leur interprétation des relations qui ne se fait pas uniquement dans une opposition homme/femme. L’identité sexuelle ne se limitait pas à l’aspect biologique mais cela se faisait par rapport au « choix », à une connexion entre « deux esprits ». En cela ils sont parvenus à comprendre ce que nous ne comprenons pas, que ce qui sépare les Hommes ne se limite pas à la simple contingence du corps.

Il est donc absurde de voir ce débat, de vouloir empêcher le mariage et l’adoption homosexuelle, ce mouvement est une véritable régression de l’humanité, une peur de l’inconnu découlant d’une vision limitée de notre nature. Reconnaitre les droits de la communauté à vivre comme nous vivons n’est qu’une question de temps, mais la lenteur de cette lucidité est aberrante. Depuis le début des années 2000, nos voisins néerlandais, belges, espagnoles, ou plus récemment portugais, suédois et  danois et donnent espoirs et ouvrent la voie au mariage homosexuel.

Source :

ALDRICH, R (sous la direction de) (2006). Une histoire de l’homosexualité, Paris, Seuil, 383 pages.WRIGHT, W et CORRENTI, L (2012). « L’homoparentalité n’est pas l’égale de la parenté fondée sur le mariage hétérosexuel »,  C-FAM, catholic family and human right institute, 12 juin.COLLECTIF CONTRE LE MARIAGE ET L’ADOPTION HOMO [En ligne]. 2012 [http://www.nonaumariagehomo.fr/] LA FAMILLE, C’EST SACRE [En ligne] 2012 [http://www.nonaumariagehomosexuel.com/] LE NOUVEL OBS, Doan Bui, [En ligne] 24.10.2012 [http://tempsreel.nouvelobs.com/mariage-gay-lesbienne/20121024.OBS6813/enfants-d-homos-j-ai-ete-eleve-par-deux-papas.html] LIBERATION [En ligne] 17.09.2010 [http://www.liberation.fr/vous/01012290679-personne-ne-sait-que-j-ai-deux-mamans]


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