Racisme anti-blanc: un nouveau phénomène qui s’étend ?

Peut-on vraiment parler d’un « nouveau phénomène » en évoquant le racisme anti-blanc et dire s’il s’étend ? Jean-François Copé a en tout cas récemment lancé la question de cette forme de racisme dans son livre publié le 4 octoble, Manifeste pour une droite décomplexée qui a créé la polémique. Pourtant le racisme anti-blanc n’est pas celui qui vient à l’esprit lorsque l’on pense aux discriminations quotidiennes dont sont victimes les populations maghrébines et noires de France.

Le « racisme anti-blanc » est le slogan lancé dans les année 1980 par le Front National, mais il a déjà été utilisé sous la IIIe République pour alimenter l’antisémitisme, comme le rappellent Stéphane Beaud (sociologue) et Gérard Noirel (historien).

À l’origine de l’actuelle polémique, des propos d’une habitante de Meaux, victime d’insultes racistes qu’elle aurait rapportées à Jean-François Copé : « Si t’es pas contente, casse-toi, la Gauloise ». L’aspirant à la présidence de l’UMP, s’en sert pour révéler un phénomène jamais abordé, mais tout aussi grave que les autres types de racisme car il se développe selon lui. Aucune association ne dispose de chiffres exacts qui rendent compte de cette réalité, on ne peut donc pas dire si le phénomène s’étend ou s’il est simplement un argument politique médiatisé et utilisé par certaines personnalités politiques qui se droitisent davantage afin d’attirer les électeurs du FN. Jean-François Copé assurant être l’héritier direct de Nicolas Sarkozy, alors que celui-ci a surfé sur certains thèmes du parti d’extrême droite durant la dernière campagne présidentielle, on peut penser que la polémique désenflera à l’issu du vote  des militants UMP qui désigneront le président du parti les 18 et 25 novembre prochains.

La Commission nationale consultative des droits de l’homme publie chaque année des rapports sur la xénophobie et le racisme dans l’Hexagone, mais pas de chiffres précis sur le racisme dont les blancs sont victimes. Certains sociologues ne nient pas son existence, mais affirment qu’il s’agit d’un phénomène minoritaire en France. Dans son livre Racisme anti-blanc, Tarik Yildiz (chercheur au Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris) soutient que ce racisme existe et qu’ « il s’agit majoritairement d’agressions verbales dans les quartiers défavorisés. Quasiment tous les jours, dans les collèges tendus de la région parisienne, une insulte anti-Blanc est prononcée. Je dirais qu’il s’agit d’un racisme minoritaire mais non marginal. »

Si l’on ne peut dire concrètement si le phénomène prend de l’ampleur, on peut constater qu’il est pris au sérieux, notamment par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) qui s’est présentée comme partie civile le 26 octobre dernier dans le cadre du procès d’un homme accusé d’agression physique et d’injures raciales. Il aurait traité sa victime de « sale français » et de « sale blanc ». C’est la première fois que la LICRA s’engage sur ce terrain.

 

 


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