Barcelone: l’épopée Catalane

A l’instar des plus grandes épopées du ballon rond, le FC Barcelone est entrain de s’inscrire dans les grandes lignes de l’histoire du football, tant de par son palmarès, que de par son identité en terme de jeu : un système porté vers l’avant basé sur une politique de transmission de balle plus fluide et élégante, les Blaugrana ont tout remporté depuis 2006, et imposent leur style de jeu à toute l’Europe. Comment se bâtit une épopée ?

 28 mai 2011, dans le temple de Wembley. Carlos Puyol, capitaine emblématique du FC Barcelone, soulève la coupe aux grandes oreilles pour la troisième fois en six éditions depuis 2006. Barcelone vient de battre Manchester United, sans grand problème. Que peuvent-ils encore gagner ? Quatre championnats d’Espagne, quatre Supercoupes nationales, deux européennes, deux titres de champions du monde des clubs, en 2009 et 2011… Même un Real Madrid construit à coups de millions pour faire plier l’ogre Catalan n’y fait rien, la suprématie du Barça sur le monde du football est totale, et le club se rapproche désormais des plus grands palmarès européens, du Real des années 50 et ses cinq ligues des Champions, au Milan AC des années 90, en passant par le grand Ajax de Johann Cruijff, ou le Bayern de Beckenbauer. Partout en Europe, il règne un parfum de football à l’espagnole, partout on copie le système Barcelonais : adieu les 4-4-2 et 4-5-1, égérie de Raymond Domenech et des années 90, bonjour le 4-3-3, le retour des ailiers qui jouent avec les lignes, alimentés non plus par un seul milieu offensif, mais par deux ; la plupart des clubs actuels se voient obligés de s’aligner sur ce système de jeu à la Catalane. Le foot à l’espagnole a desserré le jeu  et élargi les espaces, donnant cet aspect plus aéré, plus offensif, et donc, plus spectaculaire.

 A quoi reconnaît-on une grande équipe ? A son palmarès, certes, mais ce n’est pas tout. Les clubs qui ont écrit l’histoire servaient d’ossature à leur équipe nationale ; excepté le Real des années 50, déjà adepte de l’équipe « patchwork » et déjà engagé dans une politique « galactique » réunissant les plus grandes stars de l’époque, et de toutes les nationalités (Puskas, Di Stefano, Gento, Kopa), les grands clubs représentaient la colonne vertébrale de leur sélection nationale ; les années 70 ont ainsi vu la domination de deux ténors, le grand Ajax d’Amsterdam et le Bayern Munich, tous deux trois fois champions d’Europe au cours de cette décennie, et tous deux composés à 90% des joueurs des Pays-Bas d’une part, deux fois finalistes de la Coupe du Monde (1974/1978), et des joueurs de la National Mannschaft d’autre part, champions du monde en 1974. Symbole de cette double domination, la finale de la Coupe du Monde 1974, à Munich, entre l’Allemagne de Gerd Muller et la Hollande de Johann Cruijff. Il en va de même pour le Milan AC des années 90, à tendance bipolaire : deux fois champions d’Europe (1989/1990) et trois fois champions d’Italie (1988/1992/1993), les Rossoneri étaient composés de la légendaire défense de la Squaddra Azzura (Maldini, Baresi, Costacurta, Panucci) et armés du trident offensif batave (Gullit, Van Basten, Riijkard). Les Pays-bas remportent l’Euro 1988, et même si les Italiens attendront 2006 pour une nouvelle victoire d’ordre international, ils n’en restent pas moins finalistes en 1994, et demi-finalistes en 1990.

 Le grand Barça des années 2010 obéit à cette logique : il compose une grande partie de l’équipe d’Espagne, championne d’Europe en 2008, et du monde en 2010, les joueurs évoluent constamment ensemble. Depuis quelques années le FC Barcelone n’achète guère plus de stars internationales, mais s’adonne davantage au rapatriement des « expatriés » : David Villa en 2010, Fabregas en 2011… Comme s’ils souhaitaient compléter leur effectif autour d’un génie déjà triple ballon d’or, aux statistiques dignes de celles que l’on voit uniquement dans les jeux vidéos, Lionel Messi. Chaque épopée possède sa star, chaque grande équipe de l’Histoire se doit d’être bien orchestrée : le Real des années 50 a vu se succéder les Puskas, Di Stefano ou Garincha ; l’Ajax d’Amsterdam et son Johan Cruijff, trois fois ballon d’or (1971/1973/1974), le Bayern Munich et son « Kaiser », Franz Beckenbauer, deux fois ballon d’or (1972/1976), ou encore Marco van Basten, avant-centre emblématique du Milan AC, ballon d’or 88, 89 et 92. A seulement 24 ans, le meneur de jeu argentin a déjà égalé, voire dépassé ses pairs, et n’a probablement pas encore tout dit ; s’il est une nouvelle fois désigné comme étant le meilleur joueur du monde, « Leo » deviendra le premier joueur de tous les temps à remporter quatre fois cette distinction.


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