Boycott turc : la Turquie est aussi pénalisée

Un ministre turc a dressé mercredi à mots couverts une liste de mesures de rétorsions contre les entreprises françaises que chaque Turc pourrait faire siennes en cas de vote jeudi en France d’une proposition de loi réprimant la contestation du génocide arménien. La proposition de loi a été votée ce jeudi. Que va-t-il donc se passer ?

“Le peuple turc est émotif et il exprime ses réactions. Nous avons vu dans le passé (…) qu’il pouvait intervenir en choisissant le supermarché où il va faire ses courses, l’endroit où il achète son essence, quel yoghourt il va acheter, quel avion il va prendre“, a déclaré le ministre aux Affaires européennes Egemen Bagis à des journalistes. La Turquie, qui ne reconnaît pas le génocide arménien, avait multiplié ces derniers jours les pressions pour empêcher le Parlement français de voter la loi contestée, mise à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale avec le soutien du gouvernement français.

Boycot des produits français. Des associations de consommateurs pourraient lancer des boycotts des produits français et les autorités pourraient écarter les groupes hexagonaux des appels d’offre publics. Interrogé sur les produits qui pourraient faire les frais de la vindicte populaire, le ministre a répondu : “Les cosmétiques, les parfums, l’habillement… Mes concitoyens sont assez intelligents pour faire la différence entre les produits d’importation et ceux fabriqués dans ce pays.“

«Ce type de rétorsion n’a jamais fonctionné», estime Dorothée Schmid, spécialiste de la Turquie à l’Institut français des relations internationales (Ifri). La Turquie n’est que la 11ème destination des exportations françaises. Les ventes générées dans le pays par les groupes français représentent pour ces derniers rarement plus de 2% de leur chiffre d’affaires. D’autre part, la France vend à la Turquie beaucoup de produits industriels, peu sensibles aux boycotts grands publics.

Si les entreprises françaises semblent peu craindre un boycott, elles pourraient être en revanche pénalisées dans l’attribution des appels d’offre publics. Plusieurs entreprises françaises seraient concernées, comme Veolia et Alstom.

La Turquie pénalisée elle aussi. Les perspectives de boycott inquiètent aussi le patronat turc. La France est en effet le 4e client étranger de la Turquie en terme d’exportations, pour un total de 5,4 milliards d’euros en 2010. Le boycott des produits français aurait une véritable répercussion sur l’économie turque qui devrait subir un ralentissement en 2012.

Par ailleurs, la Turquie a rappelé jeudi son ambassadeur à Paris, Tahsin Burcuoglu. Le Premier ministre turc devrait préciser sous peu les décisions prises par Ankara à la suite de l’adoption de la loi française.


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