Zone euro: Sarkozy et Merkel héros ou zéro?

Le sommet « crucial » était attendu. Lundi, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se sont retrouvés pour déjeuner à l’Elysée et passer un accord de gouvernance économique de la zone euro. La chancelière allemande et le chef d’Etat français veulent un nouveau traité européen plus rigoureux en matière budgétaire et aussi l’adoption d’une règle d’or par les 17 pays membres de la zone euro. Ces mesures sont-elles concrètement applicables?

Ils négociaient depuis des semaines, et ont fini par trouver un accord. Mais est-ce suffisant pour apaiser la crise qui menace la zone euro? Nicolas Sarkozy a obtenu quelques concessions de l’Allemagne, qui sont minimes par rapport aux propositions d’Angela Merkel qui se sont imposées. Au moment où Standard & Poor’s a annoncé lundi qu’elle plaçait sous surveillance 15 des 17 pays de la zone euro en vue d’une possible dégradation, les enjeux de cet accord sont conséquents.

Au programme ? La France et l’Allemagne veulent un nouveau traité, plus rigoureux, avec des « sanctions automatiques » et « immédiates » pour les pays dont les déficits publics dépasseraient le seuil de 3% du PIB. Le couple franco-allemand souhaite aussi que les 17 membres de la zone euro se dotent d’une règle d’or renforcée pour vérifier que chaque Etat s’engage à un retour à l’équilibre budgétaire. Les chefs d’Etats et de gouvernement de la zone euro se réuniront, tous les mois jusqu’à la fin de la crise pour veiller à l’application de ces mesures.

La chancelière et le président, qui représentent les deux plus fortes économies européennes, ont en-effet clairement expliqué qu’ils voulaient voir toutes leurs propositions approuvées par leurs partenaires européens. Les détails du compromis seront transmis mercredi dans un courrier au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, qui les présentera aux dirigeants de l’Union européenne jeudi soir. Le texte franco-allemand sera discuté jeudi et vendredi à Bruxelles lors du sommet de l’Union européenne afin qu’un accord se dégage à 27. Sinon, le traité se fera à 17, c’est-à-dire entre les seuls pays membres de la zone euro. Un accord pourrait voir le jour dès le mois de mars pour une ratification dans le courant de l’année, après l’élection présidentielle en France.

C’est le 3e accord signé en un an et demi entre le couple franco-allemand. Merkel comme Sarkozy sont tous les deux politiquement affaiblis, mais l’Allemagne a déjà consenti des efforts d’austérité que la France commence seulement à appliquer. Mais pour que l’accord soit effectif, il faut se souvenir que tout ce qui engage l’Europe doit être ratifié, dans chaque pays, par les citoyens. En France, Nicolas Sarkozy ou son successeur devra donc convoquer un référendum ou trouver une majorité au parlement pour voter ce traité. Et le « durcissement » des règles (3 % de déficit et 60 % d’endettement), n’est qu’une réaffirmation des critères de Maastricht, qu’aucun pays n’a jamais appliqués depuis 20 ans.


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