Ecrits de Pétain : L’état les considère comme sa propriété

Depuis 2008, le ministère de la Culture revendique la propriété de notes rédigées par le maréchal Pétain en 1940 sur l’entrevue de Montoire, durant laquelle il avait rencontré Hitler, à un libraire parisien. Ces notes concernent l’entrée en collaboration du régime de Vichy avec l’Allemagne nazie.

Le libraire, qui a acheté les notes, ne souhaite pas donner le nom de la personne à qui il les a vendu aux Archives nationales, afin de respecter le secret professionnel. Le Syndicat national de la librairie ancienne et moderne (Slam) a décidé de venir en aide au libraire parisien. Celui-ci a en effet été attaqué en référé par l’Etat, environ deux ans après avoir acquis puis revendu les manuscrits.

Inès Plantureux, l’avocate du Slam, s’indigne  : « L’Etat n’a pas une vision fixe du code du patrimoine  : les revendications divergent en fonction du service du ministère qui souhaite acquérir un manuscrit. Certains ont une vision large, d’autres plus étriquée. Dans le cas de ces brouillons rédigés par Pétain, il y a un problème de reconnaissance de la propriété privée. Par le passé, des conservateurs qui revendiquaient le même type de brouillons avaient en effet exercé une action de préemption, c’est-à-dire qu’ils avaient reconnu la propriété privée et donc accepté de payer le bien. »

Maitre Blistène, l’avocat du libraire, a quant à lui souligné que  les manuscrits sont « des brouillons, donc des notes privées qui ne sont pas destinées à être publiées. Tant qu’il sera possible que des écrits privés rédigés par des politiques à un moment donné de l’histoire soient revendiqués, alors beaucoup resteront secrets, car les héritiers refuseront de voir l’Etat les accaparer. Si les notes d’un officiel ont été revêtues d’un sceau, ou destinées à un public, alors ce sont bien des archives publiques. Dans le cas contraire et dans la mesure où il n’a jamais été dans la volonté de l’auteur de les rendre publiques, elles sont donc personnelles. »

Mais l’Etat n’a pas l’intention d’en rester là. Une procédure judiciaire est en cours.


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