Eva Joly : sa candidature est-elle justifiée?

Sortie de sa cure d’abstinence médiatique, la candidate verte à l’élection présidentielle signe un retour fracassant dans la campagne, au risque de diviser son propre camp. Sa stratégie d’attaque contre François Hollande la fragilise, on lui reproche en effet de se tromper d’ennemi politique. Eva Joly risquerait-elle de se brûler les ailes dans sa campagne?

La candidate écologiste traverse une période délicate. En désaccord avec son parti sur l’alliance avec le PS, son porte-parole Yannick Jadot a annoncé mercredi sa démission. L’ancienne magistrate assure pourtant qu’elle ira au bout de sa campagne. Après avoir estimé dans Le Monde, mardi, que les amis de François Hollande étaient « archaïques » et que les socialistes sont constitués « du bois dont on fait les marionnettes », invitée sur RTL mercredi, la candidate écologiste ne s’est pas prononcée sur son vote en cas d’un second tour Hollande-Sarkozy, avant de rectifier le tir. « Dans mon esprit il n’y a jamais eu de doute sur le fait que j’appellerai à voter François Hollande » a t-elle déclaré à l’AFP. Mais il était déjà trop tard, les critiques jusque là contenues ont éclatées dans les médias, envenimant la situation.

Des critiques sont en effet venues de certains écologistes. « Nous demandons à Eva Joly de sortir du flou […]. On ne peut pas faire le rassemblement tout seul », a lâché Noël Mamère. Daniel Cohn-Bendit, sur France Info l’a rejoint: « Eva Joly fait les mauvais choix politiques […]. Elle ne doit pas faire du Mélenchon, du sous-Mélenchon ou du super-Mélenchon. » La polémique a aussi gagné le PS, les proches de François Hollande exigeant des explications. Martine Aubry demandant à Cécile Duflot de « clarifier la position de la candidate de son parti ».

Ce débat pourrait vite lasser les électeurs, qui attendent plus de cette élection présidentielle et surtout les militants écologistes, désormais dans le flou. Soit Eva Joly suit l’accord que son parti a établi avec le PS, soit elle continue sa croisade au risque de se retrouver isolée. L’équipe de la candidate s’applique à dédramatiser la situation : « Eva a toujours dit qu’elle visait une double victoire en 2012 : celle des écologistes et celle de la gauche. Sa parole dérange parce qu’elle n’est pas formatée. Mais à chaque polémique, elle en est sortie renforcée » a estimé son directeur de campagne Sergio Conorado. Pendant ce temps, ces règlements de compte font le bonheur de l’UMP qui a juste à regarder et savourer.


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