Abdoulaye Wade : Des juges sous haute tension

Cinq magistrats doivent examiner la validité de la candidature d’Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle sénégalaise de 2012. Une lourde tâche dont ils annonceront la décision le 27 janvier prochain.Depuis près de deux mois, Cheikh Tidiane Diakhaté, le président venu de la magistrature, Isaac Yankhoba Ndiaye, le vice-président issu du sérail universitaire, Malick Chimère Diouf, un magistrat, Siricondy Diallo, qui vient de l’inspection générale, et Mouhamed Sonko, un autre magistrat, sont au centre de toutes les attentions et de toutes les spéculations.

Pourquoi doivent-ils se prononcer sur la validité de la candidature de l’actuel président ? Car la Constitution sénégalaise limite à deux le nombre de mandats présidentiels consécutifs, et ce depuis 2003. Or Abdoulaye Wade a déjà été élu à deux reprises, la première fois le 19 mars 2000 et a été réélu le 25 février 2007. La question est maintenant de savoir si la loi est rétroactive ou non, car si elle l’est, Me Wade ne pourra pas se représenter. Ses partisans rétorquent que non, se fondant sur l’avis de certains juristes, alors que ses opposants assurent que oui, eux aussi confortés par l’avis de plusieurs juristes, dont Babacar Gueye.

C’est tout un pays qui reste pendu à la décision des juges, qui se refusent d’ailleurs à toute demande d’interview. Peur pour leur sécurité ? « Nous n’avons pas peur. Nous sommes tous habitués à ce genre de situation », explique l’un d’eux, qui a accepté de témoigner à condition que son anonymat soit préservé. Des rumeurs ont couru : ils auraient changé de numéro de portable, opté pour un déménagement vers un bâtiment moins exposé… Ils envisageraient même de démissionner. « Tout cela est faux. J’ai le même numéro depuis dix ans, dit notre témoin. Et il est totalement exclu que nous démissionnions. »

Leur souveraineté est également mise en doute. En effet, ils ont tous été nommés par le président de la république lui-même. Un des leurs s’en défend. “Le président, contrairement à ce qu’on a pu lire, n’a aucune influence sur nous. Et, s’il prenait une décision unilatérale, nous n’hésiterions pas à sortir de notre réserve”, assure-t-il. Réponse le 27 janvier 2012.


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