Cantine interdite aux enfants de chômeur, qu’en pensez-vous ?

Plusieurs enfants de chômeurs ne sont plus autorisés à prendre leurs déjeuner à la cantine scolaire. Le motif ? Les municipalités soutiennent avoir pris cette décision à cause de manque de place. Dans l’Eure, les communes de l’Habit et du Bois le Roi réclament les certificats de travail des deux parents pour les inscriptions à la cantine. Cette question de restriction à ce service scolaire avait déjà créé la polémique en début de mois. La FDPE  (fédération des parents d’élèves) avait lancé un appel pour interdire cette pratique, en vain.

Dès le mois de juin, la commune de Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie avait choisi de restreindre l’accès sur ce critère, car selon le maire Jean Denais  « on n’a jamais voulu stigmatiser les chômeurs, mais face à des problèmes de places, nous avons dû établir un critère, qui nous semble juste, celui de la disponibilité des parents« , a-t-il déclaré à Europe1.

Ce sont les syndicats intercommunaux qui gèrent les cantines des communes. Ils partent du principe que si un des parents ne travaille pas, il peut prendre en charge son enfant le midi. Les demandeurs d’emploi se sentent discriminés, car chercher un travail demande du temps. Et les parents travaillant de façon temporaire ou en intérimaire expliquent l’impossibilité de gérer la situation : pour que l’enfant soit pris en charge, il faut prévenir la cantine scolaire 72h à l’avance. Situation ingérable lorsque l’on travaille en intérim.

L’égalité devant le service public est un principe général du droit, applicable à tous. Le Conseil d’Etat avait d’ailleurs rappelé en octobre 2009 que privilégier les enfants dont les deux parents travaillent est discriminatoire. Et demander aux parents des justificatifs de leurs employeurs est interdit.Mais le problème, c’est que la cantine n’est un service publique, contrairement à l’école. Et selon l’Humanité, pas moins de 70 établissement scolaire pratiquent cette discrimination.

Les municipalités évoquent le coût de la restauration scolaire. En général, le coût moyen d’un repas est de 8 euros et les familles paient en moyenne 3 euros. Il reste donc 5 euros au frais de la collectivité. Pour faire des économies, les communes cherchent donc à refuser les enfants dont les parents, sans emploi, ne paient pas la totalité des frais de repas. Mais en faisant cela, on discrimine les enfants déjà en difficulté et qui ont besoin de repas équilibré. Ceci est donc inadmissible.

Rappelons aussi qui la cantine scolaire avait été instaurée par Jules Ferry pour réduire l’absentéisme des enfants en milieu rural, qui préféraient aller travailler plus que d’assister aux cours. Or, aujourd’hui, l’absentéisme redevient un problème. Et ces enfants, dont les parents n’ont pas d’emploi, voient se faire priver de cantine. Et cela peut être pris comme une humiliation pour les enfants. Ils sont certainement ceux qui ont le plus besoin de la cantine.

En attendant une éventuelle loi, les parents peuvent faire valoir leurs droits en alertant leur FCPE locale qui dispose des copies de précédents jugements d’autres parents, le but étant de les montrer aux responsables de l’école, de la mairie ou des médias.

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