Madame, pas Mademoiselle !

Tel est le nouveau combat des féministes, bannir le terme « Mademoiselle » des formulaires administratifs et privés, jugé trop sexiste.

Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi on n’appelait pas un homme célibataire « Mondamoiseau », voire « jeune puceau » ? Pas étonnant, ce type de distinction est réservé aux femmes…
En effet, en France, en 2011, les femmes et les hommes ne sont toujours pas logés à la même enseigne : civilité unique pour les hommes, double civilité pour les femmes !

Voilà ce qu’on peut lire sur madameoumadame.fr , le site spécialement conçu pour la nouvelle campagne intitulée « Mademoiselle, la case en trop » lancée par Osez le féminisme et les Chiennes de garde.

Pour Alice Chocheyras, militante chez OLF, le « mademoiselle » est discriminatoire, puisqu’il n’y a pas d’équivalent pour les hommes. « Cette case reprend un terme d’usage qui date du XVIIIe siècle, lorsque le « mademoiselle » était strictement associé au statut marital, désignant la femme comme vierge et « à marier ». », explique-t-elle. C’est pour cette raison que les associations féministes ont décidé de mener un combat contre l’usage symbolique de ce statut de femme non mariée.

Mademoiselle, comme une intrusion dans la vie privée. Alors que les hommes n’ont pas à justifier leur statut, les femmes, elles, doivent choisir entre « Madame » et « Mademoiselle », ce qui revient à dévoiler leur vie privée, selon les associations féministes. «Nous réclamons tout simplement l’application de la loi, expose Marie-Noëlle Bas, présidente des Chiennes de garde. Cette civilité n’existe pas dans le code civil et la loi française n’exige pas d’une femme mariée qu’elle prenne le nom de son époux. Tout cela résulte de l’usage.»

Mademoiselle, comme une révélation de la place de la femme dans la société. Cette inégalité de traitement entre hommes et femmes est plutôt symbolique, comparé aux différences salariales par exemple, mais reflète néanmoins la mentalité machiste de la France et son retard par rapport à de nombreux pays. « Appelle-t-on un jeune homme célibataire mon damoiseau? » , dit en souriant Julie Muret, porte-parole d’Osez le féminisme !. « Demande-t-on aux hommes s’ils sont mariés pour les abonner à une ligne téléphonique ou leur fourguer une carte de fidélité? Eh, non! Il n’y a que les femmes qu’on oblige à dévoiler cet aspect de leur vie privée. Et il n’y a quasiment qu’en France que cela perdure! » Effectivement, ailleurs en Europe, « miss », « Fräulein » ou « señorita » sont des formules de politesse, pas des marqueurs d’identité. Dans les pays anglo-saxons le problème a été résolu : on ne dit plus «Miss» mais «Ms» (Miz) pour toutes les femmes. Pour ce qui est du Danemark, l’usage y est interdit, tandis que le « mademoiselle » est considéré comme une insulte au Canada.

Et les féministes ne sont pas les seules à s’indigner de l’utilisation du « Mademoiselle ». Des enseignant(e)s/chercheur(se)s ont en effet adressé une pétition au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche intitulée « Pour la suppression du « Mademoiselle » sur les listes aux élections au CNU ».

Pour se rendre compte au quotidien du sexisme dont sont victimes les femmes, faites dont un tour sur le blog Vie de meuf où sont relatées des histoires et anecdotes très révélatrices… Par exemple : « Dans l’hypermarché le plus proche de chez moi, je me suis rendue compte que lorsqu’un article ne passe pas sur la caisse automatique, un message nous dit que « l’hôtesse arrive ». Je l’ai réalisé le jour où le problème de caisse a été résolu… par un jeune homme. »
#viedemeuf


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