La gauche au Sénat : c’est mal parti en 2012 pour l’UMP

Une première en France sous la Ve République et un avertissement pour l’UMP : les  71 890 grands électeurs qui ont voté dimanche pour le renouvellement de la moitié de l’hémicycle ont fait basculer la Haute Assemblée à gauche. A sept mois de l’élection présidentielle, la droite affronte un sérieux revers. Son dernier espoir? La dernière partie de l’élection qui se tiendra samedi pour élire le président du Sénat.

Cette victoire historique porte le nombre de sénateurs de gauche à 177 sur 348 sièges, soit deux de plus que la majorité absolue. L’UMP, déjà affaiblie lors des dernières élections régionales et des cantonales, voit la porte de l’Élysée se refermer à l’horizon de 2012. François Fillon a annoncé dans un communiqué que « le moment de vérité aura lieu au printemps prochain. Ce soir la bataille commence ». Si la droite appelle au rassemblement de ses troupes et relativise ce résultat, le parti socialiste se réjouit de ce succès électoral. Le premier secrétaire du PS par intérim, Harlem Désir, a déclaré qu’il s’agit « d’une progression historique pour la gauche et une sanction incontestable pour l’UMP ». François Hollande quant à lui voit « un signe prémonitoire pour 2012 » et Martine Aubry « un échec pour le président de la République ».

La gauche espère une victoire écrasante

Gérard Larcher, président UMP sortant du Sénat veut briguer un nouveau mandat samedi en gagnant des voix de sénateurs divers gauche et radicaux. Mais cette situation inédite a vite été clarifiée par le PS : « Il y a une majorité claire. Je ne crois pas à un tripatouillage pour nous piquer des voix. On aurait un Sénat ingouvernable » a assuré Christophe Borgel, secrétaire national des élections du PS. Jean-Pierre Bel, chef des sénateurs socialistes devrait théoriquement gagner l’élection de samedi. Le président du Sénat, considéré comme le deuxième personnage de l’État, assiste avec le président de la République aux cérémonies officielles. La portée symbolique et politique est d’autant plus forte, que le président possède un pouvoir de nomination au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et au Conseil constitutionnel.

La « règle d’or » menacée

La certitude aujourd’hui est qu’un sénat à gauche va largement compromettre le vote de la « règle d’or » budgétaire voulue par Nicolas Sarkozy. Au Palais du Luxembourg, le débat budgétaire risque d’être tendu.  D’autant que Sarkozy n’a plus la possibilité de réunir une majorité des trois cinquièmes des députés et des sénateurs pour faire  inscrire la « règle d’or » dans une modification de la constitution. Par ailleurs, c’est l’Assemblée nationale qui a le dernier mot dans le vote des lois, mais le Sénat désormais à gauche va compliquer les choses pour le gouvernement et ralentir l’adoption des textes.


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