Bani Walid : Nouveau lieu des affrontements en Lybie

Les forces du CNT (Conseil national de transition) progressent dans le sud du pays, près de l’oasis de Sebha, l’un des derniers bastions du dirigeant déchu Mouammar Kadhafi. Les combattants pro-CNT harcèlent les soldats loyalistes à Syrte (360 km à l’est de Tripoli) depuis six jours et à Bani Walid (170 km au sud-est de la capitale). Mais les deux fiefs kadhafistes résistent toujours.

A Bani Walid, vaste oasis au relief accidenté, les combattants des nouvelles autorités progressent difficilement, et l’on déplore l’absence d’organisation dans le commandement du CNT. Après une semaine d’assaut contre la ville, les rebelles n’ont enregistré qu’une très petite avancée et doivent faire face à un gros manque de coordination. « Dans les prochains jours, nous aurons une meilleure organisation », affirme le commandant Youssef al-Droubi, posté à 30 km de Bani Walid, alors que les combattants doivent régulièrement se replier, sans pouvoir consolider les positions conquises à l’intérieur de la ville.

Exemple du chaos et de la désorganisation : un combattant pro-CNT tire en l’air tout près de ses camarades mais perd le contrôle de son arme, qui continue à tirer seule, dans tous les sens, obligeant les personnes autour à sauter pour éviter les balles. Ou encore : quatre autres combattants circulent à bord d’un véhicule transportant des roquettes, quand soudain l’une d’elle explose et provoque la mort d’un combattant.

Face au désordre général, les pro-Kadhafi ont réussi mercredi à viser une position des combattants du CNT à une quinzaine de km de la ville. Quatre roquettes de type Grad se sont abattues, obligeant les anti-Kadhafi à reculer dans la confusion. Et malgré l’annonce de la création d’un « centre d’opérations » pour gérer les combats, aucune suite n’est donnée.

Désinformation ? Alors que l’OTAN se dit « pleinement confiante de pouvoir achever sa mission d’ici à trois mois » et assure que la majorité du pays est sous le contrôle du CNT, un journaliste du Nouvel Observateur révèle la véritable nature des informations diffusées dans les médias officiels. Depuis des mois, les journalistes ne faisaient plus leur travail car ils avaient été remplacés par le service de propagande de l’OTAN.

L’Otan réalise ses propres reportages. Ou clips de promotion. C’est selon. Ils sont délivrés gratuitement aux journalistes ayant besoin d’images et d’interview pour illustrer leur couverture du pays. Il suffit de demander les séquences vidéos auprès du service presse de l’Otan ou de les télécharger directement sur des sites relais professionnels destinés aux journalistes et documentalistes. Des images a priori neutres, sans présence de militaire ou de porte-parole de l’Otan.

Deux versions sont disponibles. D’abord celle prête à diffuser avec habillage et récit de l’Otan. L’autre version est délivrée « nue » permettant aux rédactions d’ajouter le commentaire d’un journaliste maison et d’incruster leur logo. L’internaute ou le spectateur ne s’en rendra sans doute jamais compte.

Le système est pratique. Les rédactions accèdent à des contenus gratuits et parfaitement formatés pour la diffusion sans devoir dépêcher de reporters sur place et financer leurs déplacements. Et l’Otan distille discrètement sa communication au détour d’images bien choisies.

Source : Le Nouvel Observateur


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