Etats-Unis : Les derniers mots de Troy Davis avant son exécution

Quelques instants avant son exécution, Troy Davis s’est tourné vers la famille de Mark MacPhail, l’officier de police dont il a été accusé du meurtre, et s’est adressé à elle.

« Je veux parler à la famille de Mark MacPhail », a-t-il dit. « Je ne suis pas responsable de ce qui est arrivé cette nuit-là (le 19 août 1989, ndlr). Je n’avais pas d’arme à feu. Je ne suis pas celui qui a pris la vie de votre père, fils ou frère. »

Il a ensuite demandé à sa famille et ses amis de « garder la foi », puis a dit au personnel médical qui était sur le point de le tuer « Que Dieu garde votre âme« , et s’est allongé pour qu’on lui administre  l’injection mortelle. Il a été déclaré mort à 23:08h (heure locale).

Un dernier recours déposé dans la journée devant la Cour suprême des Etats-Unis avait relancé un fol espoir à la dernière minute. La sentence a été suspendue peu avant l’heure prévue à 19h. Après 22 ans dans le couloir de la mort, Troy Davis a passé plus de six heures dans une chambre d’exécution, à attendre son sort.Il a fallu à la Cour suprême plus de quatre heures pour rendre son avis, délai inhabituellement long pour ce genre de cas. A 22h18, ses avocats annoncent que l’appel a été rejeté.

T. Davis, 42 ans, est la 52ème personne exécutée dans l’Etat de Géorgie depuis que la Cour Suprême a réinstauré la peine de mort en 1973. Ses avocats et des milliers de personnes à travers le monde étaient convaincus que c’était un homme innocent qui allait être exécuté. Jusqu’au bout, des centaines de personnes sont restées devant les portes du pénitencier de Jackson, en Georgie (Etats-Unis), voulant croire au miracle. « Nous n’arrivons pas à croire à ce qui arrive », a ajouté Laura Moye, directrice en charge de la peine capitale à Amnesty, « près d’un million de personnes ont appelé à arrêter l’exécution ».

Après l’importante mobilisation qu’avait suscitée sa condamnation à mort, les réactions ne se sont pas fait attendre. A commencer par celle d’Amnesty International. L’ONG a dénoncé ce jeudi «l’exécution lâche et honteuse de Troy Davis» et a appelé «à poursuivre le combat pour l’abolition universelle de la peine de mort». Dans son communiqué, la présidente d’Amnesty International France, Geneviève Garrigos, en est arrivée à la conclusion qu’«aujourd’hui, la Géorgie n’a pas seulement tué Troy Davis, elle a aussi tué la confiance de tous les soutiens de Troy, à travers le monde, dans le système judiciaire aux Etats-Unis».

Certains se sont sentis révoltés d’une telle décision au 21ème siècle. « C’est un scandale, personne ne doit exécuter quelqu’un sans preuve matérielle et uniquement sur la base de témoignages oculaires », avait scandé le révérend Al Sharpton.

« Il y a des gens à Paris, il y a des gens en Afrique, il y a des gens dans le monde entier (qui) vont nous voir le tuer », avait lancé un autre pasteur, Vizion B. Jones. « Ne venez plus jamais en vacances en Géorgie, ne venez plus jamais assister à un match de base-ball ici ».

Devant sa maison, la mère de Mark MacPhail, qui a toujours été convaincue de la culpabilité de Davis, s’adressant aux caméras de télévision, a dit qu’il n’y avait pas de quoi se réjouir. «Ce n’est pas bon pour les deux familles, de souffrir ainsi». Justice a été rendue, a-t-elle tout de même estimé. Pendant ce temps-là, le véritable meurtrier ne sera vraisemblablement jamais puni pour son crime.

 


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