Robert Bourgi: Pourquoi se réveille t-il tout d’un coup ?

Robert Bourgi, deuxième « Monsieur Afrique », accuse Jacques Chirac et son ex-bras droit Dominique de Villepin d’avoir reçu des fonds occultes de dirigeants africains. Les deux hommes politiques ont déclaré qu’ils allaient porté plainte contre l’avocat pour diffamation.

Dimanche dans le Journal du Dimanche, Robert Burgi, avocat d’origine libanaise, a accusé l’ex-président Jacques Chirac et de l’ex-premier ministre Dominique de Villepin d’avoir reçu, selon ses estimations, près de 20 millions de dollars ainsi que des cadeaux de valeurs considérables entre 1995 et 2007 provenant de responsables africains. Ce serait lui qui aurait effectué les opérations et qui aurait remis cet argent aux deux hommes politiques français.

Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont démenti les propos de Robert Bourgi, et ont annoncé dimanche qu’ils allaient porter plainte pour diffamation contre l’avocat. Presque tous les pays africains concernés par les accusations de remise de fonds ont aussi nié les faits. Seul Mamadou Koulibaly, l’ex-numéro deux du président déchu Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), a confirmé ses révélations.

Le deal ? Robert Bourgi explique qu’en échange de l’argent, « la France fermait les yeux sur certaines dérives du pouvoir en Afrique« .

Au lendemain de son interview au JDD, il a aussi affirmé que ses pratiques de remises de fonds occultes existaient déjà au temps de Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, une information qu’il a obtenu il y a plusieurs années du premier « Monsieur Afrique » Jacques Foccart, le créateur de la « Françafrique« .

Mais pourquoi parler maintenant ?

Lundi, dans une interview sur RFI, il explique pourquoi il passe aux aveux seulement aujourd’hui : « Je me suis décidé à parler parce que ma conscience me taraudait et je me disais qu’il était temps de mettre fin à ces pratiques inacceptables et mettre fin aussi au côté obscur de la Françafrique ».

Toujours dans l’interview de RFI, il justifie ses révélations dans l’objectif d’assainir les relations entre la France et l’Afrique, même si selon lui Nicolas Sarkozy n’a pas continué avec ces pratiques  : « Je veux une France propre. Je veux une relation avec l’Afrique assainie, dans le droit fil de ce que le président de la République a décidé  : la rupture. Il y a une certaine forme de rupture, c’est-à-dire le soutien à des chefs d’Etat qui sont des potentats, et qui sont rejetés par leur peuple, qui n’appliquent aucune des règles de la démocratie. Je veux aider le président dans sa politique de rupture. Ce n’est pas l’homme à encourager les chefs d’État qui restent 30, 35 ans, 40 ans au pouvoir, comme ceux d’ailleurs qui viennent de démentir Robert Bourgi : Blaise Compaoré au Burkina Faso, 30 ans de pouvoir.  Vous savez très bien que les mains sont loin d’être propres ! Obiang Nguema en Guinée équatoriale 35 ou 40 ans de pouvoir… Abdoulaye Wade au Sénégal qui a 87 ans et qui se dit assez jeune pour postuler un autre mandat de 7 ans ? Je dis stop ! Et vous savez ce que je retiens dans tout cela, tous les dons d’Omar Bongo du Gabon, de Denis Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville, d’Obiang Nguema, de Wade, tous les démentis importent peu. Le plus important, dans le contexte des relations épouvantables qu’avait la Côte d’Ivoire avec notre pays, c’est que Laurent Gbagbo confirme ce qu’a dit Robert Bourgi. »

Le hic de l’histoire, c’est que ses révélations ne pourront pas être démontrées, puisque que Robert Bourgi n’a rien pour prouver : « Je n’ai aucune preuve, dans ce domaine-là, il n’y a aucune preuve, aucune trace », expliquait-il sur Europe 1.

Manipulations politiques à l’approche des présidentielles ? Robert Bourgi répond que non…


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