Laurent Gbagbo: quand sera-t-il enfin jugé?

Quasiment trois mois après son arrestation, Laurent Gbagbo n’a toujours pas été jugé. La faute au « flou juridique » qui entoure l’ancien président ivoirien. Un ancien responsable du régime Gbagbo s’est également dit prêt à comparaitre si Alassane Ouattara était également jugé.

Depuis qu’il a été contraint de laisser le pouvoir début avril à son rival Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo attend son jugement. Seulement, si une quinzaine de ses anciens ministres a déjà été inculpée, son cas est plus problématique : s’il est jugé pour les crimes commis par son armée, alors Alassane Ouattara devra l’être également. Car, ne l’oublions pas, les forces rebelles du président Ouattara ont commis tout autant de massacres que celles de Gbagbo.

Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l’ONU, les avocats français de Laurent Gbagbo – Me Lucie Bourthoumieux, Roland Dumas, Jacques Vergès et Marcel Ceccaldi – ont ainsi dénoncé le « flou juridique » qui entoure leur client et ses proches, ainsi que « l’arbitraire » qui règne en Côte d’Ivoire. La brochette d’avocats dénonce une « application illégale » de la résolution 1975 adoptée le 30 mars par le Conseil de sécurité, exigeant le départ de Laurent Gbagbo et soutenant les forces de l’ONU en Côte d’Ivoire. Seulement, « aucune disposition de cette résolution n’autorise ni la remise du président Gbagbo entre les mains de l’autre partie au conflit ni la privation des droits humains les plus fondamentaux », assurent-ils.

Or, depuis son arrestation le 11 avril après quatre mois de conflit, Laurent Gbagbo est en résidence surveillée à Korhogo, privé de tout contact avec l’extérieur. Ses avocats estiment aussi que Laurent Gbagbo est « victime d’un enlèvement, d’une séquestration et d’une détention arbitraire », puisque, selon eux, le décret de mise en résidence surveillée « n’existe pas. »

Toujours est-il que la justice ivoirienne semble être à « deux vitesses », comme le dit Charles Blé Goudé, responsable du régime de Laurent Gbagbo. Cet ancien ministre, en exil au Ghana ou au Bénin, est visé par un mandat d’arrêt international. Il s’est dit, au cours d’une interview à RFI, « prêt à comparaitre » si et seulement si Alassane Ouattara et Guillaume Soro, son premier ministre, étaient également jugés.

La justice ivoirienne a rappelé qu’elle poursuivait ses investigations, concernant notamment les « crimes de sang » commis durant la crise postélectorale, avant l’éventuel jugement. De son côté, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a souhaité ouvrir une enquête sur les crimes contre l’humanité et crimes de guerre dont sont accusés les camps Gbagbo et Ouattara.

Si jugement il y a, d’un camp comme d’un autre, cela ne devrait pas intervenir avant plusieurs années.


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