Débat: Pour ou contre le couvre-feu pour mineurs?

Le ministre de l’Intérieur a lancé l’idée d’un « couvre-feu ciblé sur des mineurs délinquants » de moins de 13 ans lors d’une réunion d’élus, mardi soir. Aucune décision n’a encore été prise par le gouvernement mais le débat est lancé.

 

Entre deux blagues de mauvais goût, Brice Hortefeux a aussi des idées. Lors des « rencontres Beauvau » avec des élus UMP, le ministre de l’Intérieur a ainsi émis le souhait d’imposer un couvre-feu aux mineurs délinquants. De qui parle-t-on? Il s’agirait, pour Hortefeux, des jeunes de moins de 13 ans qui auraient déjà commis un acte de délinquance. Ces derniers seraient donc interdits de sortir de leur domicile une fois la nuit tombée si un adulte ne les accompagne pas. Si Hortefeux a bien affirmé qu’il ne s’agissait que d’une « réflexion », la mode répressive du gouvernement peut laisser craindre une application rapide de cette « idée. » Du coup, le débat est lancé: Faut-il interdire aux enfants de sortir une fois la nuit tombée?

 

Est-ce le rôle de l’Etat?

Tout d’abord, notons que le rôle des parents est un peu oublié dans cette histoire. L’Etat n’a pas pour vocation de prendre la place d’une famille et ne peut se porter garant de tous les enfants du pays. Si un jeune se trouve dehors à une heure tardive, est-ce sa faute ou celle de ses parents? Surtout, s’il est seul dehors, c’est peut-être que ses parents sont absents et qu’il n’a donc pas le choix. Autre question, comment déterminer son intention? Brice Hortefeux semble partir du principe qu’un jeune de 13 ans ayant commis une bêtise reste un danger permanent pour la société. C’est une façon de voir les choses… Une façon surtout de cataloguer et stigmatiser les enfants dès leur plus jeune âge. Le gouvernement français a-t-il le droit d’interdire aux enfants de jouer ou de se déplacer le soir? 

 

La bonne méthode?

Surtout que cette « idée » paraît tout de même très difficilement applicable. Certes Brice Hortefeux ne doit pas souvent visiter les quartiers dits « à risques » mais il devrait pourtant savoir que les forces de l’ordre ont d’autres choses à faire que de contrôler les enfants. Et comment savoir s’ils sont délinquants? Et comment déterminer s’ils ont plus ou moins de 13 ans? Aussi, la nouvelle mission de la police doit-elle être de raccompagner les jeunes à leur domicile? Pas sûr.
En menant une politique de répression envers les jeunes et d’assistance auprès des parents – qui rappelons-le, ont des devoirs en tant que chefs de familles – le gouvernement semble donc, comme trop souvent, prendre le problème à l’envers. Oui la délinquance des mineurs existe en France. Oui, c’est un problème à régler. Oui, le vide juridique autour des mineurs pousse certains à dépasser les bornes. Mais les contrôler, les ficher, les arrêter… Est-ce là, la bonne méthode pour réinsérer une jeunesse déjà déviante au sein d’une démocratie – sensée être égalitaire – comme la France? 

 


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