Libye: le fils de Mouammar Kadhafi continue ses provocations

Dans le conflit libyen enlisé depuis plus de trois mois, le colonel Kadhafi parle souvent à la télévision pour critiquer l’Otan. Tout comme son deuxième fils, Saïf Al-Islam, adepte des provocations envers les rebelles libyens et l’occident. Dans un entretien accordé au Monde, il se dit favorable à la démocratie. Mais bien sûr.

Mine de rien, ça va faire presque 4 mois que l’Otan est engagée dans une opération qui ne devait durer que quelques semaines. Entre les alliés qui affirment que Mouammar Kadhafi ne  tiendra pas trois mois de plus, et l’intéressé qui répond qu’il ne sera jamais délogé du pouvoir, on imagine mal la date de fin de ce conflit. Surtout que, dans un entretien accordé au Monde et publié lundi, le deuxième fils de Kadhafi assure qu’il est « impossible » de trouver une solution sans son père.

« Mon père ne fait pas partie des négociations, explique-t-il, c’est un conflit libyen avec des Libyens et des traitres, des milices, des terroristes. Vous pensez qu’on peut trouver une solution qui ne l’implique pas ? Non c’est impossible. » Là où il n’a pas tort, c’est que le colonel Kadhafi semble effectivement indéboulonnable, et que la guerre en Libye ne trouvera de solution qu’avec des négociations avec le régime actuel. Ce que les rebelles, et particulièrement le Conseil National de Transition (CNT) semblent refuser.

Agé de 39 ans, Saïf Al-Islam a longtemps été considéré comme le successeur de Mouammar Kadhafi et suscitait de nombreux espoirs de changements de régime par rapport à celui de son père. Sauf qu’au moment où la révolte a éclaté, il avait promis « des rivières de sang » au peuple. Aujourd’hui, changement radical de position : « Vous voulez la paix ? On est prêts. Vous voulez la démocratie ? On est prêts. Vous voulez des élections ? On est prêts. Vous voulez que la Libye devienne comme la Suisse ? On est prêts. Vous voulez une nouvelle Constitution ? On est prêts. Vous voulez la guerre ? On est prêts aussi. On est prêts pour toutes les options », assure-t-il au quotidien. Comment peut-on le croire, alors que Kadhafi lui-même n’a strictement rien dit à ce sujet ?

Mi juin, déjà, il avait assuré que le Guide était favorable à la tenue d’élections. Si cela avait été vraiment le cas, nul doute que l’Otan aurait été favorable à cette solution plutôt que de continuer une guerre extrêmement onéreuse et à l’issue très incertaine. Il est dons permis de douter de la crédibilité de ces déclarations.

Pour Saïf Al-Islam, les rebelles ne sont que des « rats » qui n’ont « strictement aucune chance de contrôler ce pays ». Ou alors ce sont des rats qui demandent juste la démocratie et la liberté, au choix. Le deuxième fils de Kadhafi, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour crimes contre l’humanité, est persuadé que « les véritables enjeux sont l’argent, l’argent, l’argent et le pétrole. Personne ne soutient les rebelles en Syrie, par exemple. Mais ici, il y a du pétrole. La Libye est un gigantesque gâteau que les pays veulent se partager. » Ce n’est pas tout à fait faux, quand on voit que Bachar el-Assad ne bénéficie pas du même traitement que Kadhafi.

Après avoir critiqué l’opération de l’Otan, qualifiée de « particulièrement stupide, mal préparé » et de « campagne fast-food », Saïf Al-Islam dénonce volontiers les « horreurs » commises par les rebelles. S’il ne faut pas nier que les insurgés commettent effectivement des horreurs, Kadhafi junior oublie de dire que les soldats du régime en commettent aussi.

Contenu intégral de l’entretien sur Lemonde.fr / Crédit photo : AP


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