Angolagate : Pasqua relaxé dans l’indifférence générale

La faute à la surmédiatisation du mariage de Kate et William, la nouvelle est passée presque inaperçue.  La cour d’appel de Paris a estimé que les débats devant la cour ont « définitivement établi la réalité de l’intervention » de Jean-Charles Marchiani et Arcadi Gaymadak dans la libération des pilotes de Bosnie et qu’en conséquence, l’octroi de la médaille du mérite à Arcadi Gaymadak, sur recommandation de l’ancien ministre de l’intérieur, n’était pas anormal.
Ouvert en 2000 le dossier portait sur les armes ayant permis au milieu des années 1990 la victoire militaire dans une guerre civile d’Eduardo dos Santos, toujours président aujourd’hui.

Elle considère par ailleurs que le dossier d’instruction ne démontre pas « l’antériorité d’un pacte préalable » entre la remise de cette médaille à Arcadi Gaymadak par Jean-Charles Marchiani et le versement d’une somme de 1,5 million de francs au mouvement de Charles Pasqua. « On ne saurait tirer, comme l’a fait le tribunal, de la seule concomitance des dates entre la remise de la somme et celle de la remise de décoration un pacte de corruption préalable. Le processus choisi n’a rien d’anormal », estime la cour d’appel. Charles Pasqua avait une « absence totale de connaissance des modes de financement » de son mouvement politique, précise l’arrêt.

Condamnés en première instance à six ans d’emprisonnement ferme, Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak ont été tous deux relaxés du chef de commerce illicite d’armes. “Nous avons fait le tri », a indiqué le président Alain Guillou. Pierre Falcone est condamné à trente mois de prison ferme et 375 000 euros d’amende et Arcadi Gaydamak à trente-six mois ferme et au même montant d’amende. Les deux hommes, qui ont réalisé un bénéfice de 397 millions de dollars avec les armes livrées sans autorisations administratives françaises, ont toujours clamé leur innocence en expliquant, avec l’appui du régime dos Santos, qu’ils étaient ses « mandataires ».

La cour d’appel de Paris a reconnu qu’ils avaient agi sous l’autorité d’un « mandat d’Etat » décerné par l’Etat angolais et que par conséquent, les actes accomplis dans ce cadre échappent à la juridiction française puisqu’ils sont couverts par l’immunité. Elle considère qu’à l’époque des faits, l’Angola cherchait à « assurer sa survie » et que c’est « dans ce contexte et alors que la situation s’aggravait » qu’elle avait demandé à Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak d’assurer son approvisionnement en armes. Les trois juges d’appel estiment que le « mandat » de l’Etat angolais est « incontestable », en dépit de l’absence de contrat écrit. Ils s’appuient sur les déclarations réitérées tant des prévenus que de l’Etat angolais lui-même sur ce point.

« Ça fait onze ans que j’ai été trainé dans la boue (…). Le jugement met en pièces toute l’accusation qui avait été conduite contre moi. Que ceux qui en étaient responsables se reconnaissent, parce que ça aura des conséquences pour les uns et les autres” a déclaré Charles Pasqua devant la presse.


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés