Révoltes du monde arabe : Le paradoxe Ahmadinejad

Mais à quoi joue Mahmoud Ahmadinejad ? Le président iranien, de plus en plus esseulé sur la scène politique internationale, affiche une attitude ambivalente concernant le « printemps arabe ». D’un côté, il félicite la révolte égyptienne et s’indigne de la répression en Libye, et de l’autre, il réprime la révolte iranienne.

Souvenez-vous, des dizaines de milliers d’Iraniens manifestaient en juin 2009 dans plusieurs grandes villes pour protester contre la réélection douteuse de Mahmoud Ahmadinejad. Une révolte baptisée « révolution verte », réprimée dans le sang et les emprisonnements, qui aurait inspiré celles de Tunisie et d’Egypte. Qui, à leur tour, ont réveillé l’envie – si elle était endormie – des Iraniens d’obtenir leur liberté.

Surtout que Mahmoud Ahmadinejad avait salué la chute d’Hosni Moubarak et la révolte égyptienne, estimant qu’elle pourrait « être une inspiration pour les peuples arabes et d’Afrique du Nord ». Il a également prédit le 12 février que « les oppresseurs n’auront aucune place » dans un « nouveau Proche-Orient sans les Américains et sans le régime sioniste ». C’était le lendemain de la chute du président égyptien.

Le problème, c’est qu’elle inspire son propre peuple, qui organise de nombreuses manifestations en risquant leur vie. Les Iraniens continuent leur « révolution verte » en demandant la tête de leur dirigeant et du Guide suprême de la Révolution islamique Ali Khamenei. Des contre-manifestations organisées par des pro-Ahmadinejad leur répondent.

Ahmadinejad s’est exprimé pour la première fois ce mercredi concernant la répression de Mouammar Kadhafi en Libye. Il condamne l’attitude du dirigeant libyen, se demandant : « comment un dirigeant peut-il soumettre son propre peuple à une pluie de mitrailleuses, de chars et de bombes ? Comment un dirigeant peut-il bombarder son propre peuple et dire après coup « je tuerai tous ceux qui ont dit quelque chose » ? ». Avant d’ajouter qu’il « souhaite très sérieusement que l’ensemble des chefs d’Etat écoutent leurs peuples et collaborent avec eux ». Et Ahmadinejad de conclure : « Pourquoi se comportent-ils si mal que leurs peuples aient besoin de faire pression pour obtenir des réformes ? »

Certes, il n’a pas envoyé les chars ou promis un bain de sang à ses opposants, mais Mahmound Ahmadinejad n’en reste pas moins un dirigeant qui tient son pays d’une main de fer. On rappelle que le simple fait d’être opposant au régime et de manifester peut mener à la pendaison ; et l’Ayatollah Janati a déclaré qu’il faut « poursuivre les exécutions jusqu’à ce que les manifestations cessent. »

Alors, peut-être qu’Ahmadinejad devrait suivre ses propres conseils et écouter son peuple…


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