Côte d’Ivoire : vers une guerre civile économique ?

En Côte d’Ivoire, le bras de fer se poursuit entre le président sortant Laurent Gbagbo et son rival Alassane Ouattara, reconnu vainqueur des élections présidentielles par la communauté internationale. Un conflit qui se mue peu à peu en une bataille pour prendre en main l’économie du pays.

Alors que le camps Ouattara a obtenu l’arrêt temporaire des exportations de cacao, le gouvernement Gbagbo a pour sa part « décidé de la réquisition » du centre de gestion centralisé de la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE), invoquant « des raisons de sécurité nationale». Ce centre, baptisé « dispatching », « représente la tour de contrôle indispensable au bon fonctionnement du système », a précisé la direction de la compagnie dans un communiqué.

« Une turbine devait rentrer en réparation. Cela allait réduire l’électricité sur le réseau et il fallait s’assurer que les sites stratégiques soient toujours alimentés », a expliqué le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello. Effective depuis le 19 janvier, cette réquisition pourrait durer deux mois, a-t-il ajouté.

Du côté de la CIE, une source a pourtant réfuté, sous couvert d’anonymat, tout problème technique: « il n’y a pas de turbine en panne », a-t-elle assuré. La même source a en outre affirmé que les coupures de courant survenues dans la nuit de mercredi à jeudi dans le nord du pays étaient des « coupures intentionnelles effectuées à partir du ‘dispatching’ ». Ces coupures avaient été enregistrées dans plusieurs villes du nord, contrôlé par l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), alliée à Alassane Ouattara.

Dans le même esprit, le président sortant a également pris le contrôle des opérations de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en Côte d’Ivoire. En réaction, la BCEAO a annoncé jeudi la fermeture de ses bureaux à Abidjan, ce qui devrait entraîner un gel d’une partie de l’économie ivoirienne, fortement dépendante des ressources de la banque pour les transactions financières.

Il va sans dire que cette guerre économique ne va pas faire les affaires du peuple ivoirien, qui sera le premier à en ressentir les effets.


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