La France et le désamour pour les Roms

« Une politique ferme et humaine ». Ces propos viennent d’Eric Besson, le ministre de l’immigration, invité dimanche sur RTL. C’est ainsi qu’il définit la politique d’expulsion des Roms menée par la France. Après les nombreuses polémiques à ce sujet, venues de toutes parts, il fallait bien essayer d’apaiser les esprits.

Parce que le moins que l’on puisse dire, c’est que les expulsions de Roms et les destructions de camps illégaux sont actives. D’après Le Figaro, plus 9.000 Roumains ont été renvoyés dans leur pays en 2010 (et l’année n’est pas encore terminée). Jeudi dernier, ce sont 150 Roms qui ont été expulsés, pendant que Nicolas Sarkozy défendait sa politique à Bruxelles. Fin juillet, le gouvernement avait annoncé vouloir démanteler 300 camps non-autorisés, finalement « seulement » 128 camps ont été fermés fin août.

Eric Besson a clairement spécifié que les actions à l’encontre des étrangers en situation irrégulières se poursuivraient. Mais par « étrangers », il faut plutôt comprendre « Roumains ou Bulgares ». Car, oui, les expulsions étaient (sont) ciblées, comme le prouve la circulaire du ministère de l’Intérieur datée du 5 août. Elle précisait que les préfets, en plus de la procédure de reconduite immédiate, devaient « engager […] une démarche systématique de démantèlement des camps illicites, en priorité ceux de Roms ». Etrange, pour le pays des droits de l’Homme, qui autorise une stigmatisation d’une minorité.

Si les chiffres des expulsions peuvent paraitre élevés (11.000 en 2009 / 9.000 en 2010), ils sont tout de même à nuancer : beaucoup de Roms reviennent tous les trois mois en France. Plusieurs explications à ce constat.

La première, c’est la loi française, qui rend expulsables les étrangers sans domicile ni sources de revenus au bout de trois mois passés sur le territoire français. Afin de contourner ce système, ils sont nombreux à faire des allers-retours tous les trois mois. Vous aviez d’ailleurs peut-être vu dans l’actualité du 9 septembre ces trois Roms qui ont passé la frontière belge, puis qui sont revenus en France quelques minutes plus tard. L’arrêté de reconduite à la frontière était donc exécuté, puis ils ont pu revenir légalement en tant que ressortissants de l’UE.

La deuxième, c’est l’aide au retour humanitaire que donne la France a chaque expulsé : 300€ par adulte et 100€ par enfant. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est suffisant pour les motiver à revenir plusieurs fois en peu de temps. D’ailleurs, Eric Besson l’a bien souligné : « La France est un pays généreux […], nous sommes les seuls à donner un pécule aux clandestins pour qu’ils retournent dans leur pays. »

La Commission européenne devrait achever dans les prochaines semaines l’analyse juridique de ces expulsions vers l’Europe de l’Est, afin de déterminer si elles vont à l’encontre de la directive de 2004 sur la libre circulation.


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