Un dernier hommage à Laurent Fignon

L’ancien double vainqueur du Tour de France 1983, 1984 est décédé mardi des suites d’un cancer. Il sera inhumé vendredi au cimetière du Père Lachaise à Paris.

Quelques semaines de cela, on l’entendait encore sur France Télévisions à commenter le duel Schleck/Contador pour le maillot jaune du Tour 2010. Mais parallèlement, Laurent Fignon menait une course contre le cancer des voies digestives qui le rongeait. Depuis 2006 le dernier champion Français du Tour de France commentait la Grande Boucle pour les chaînes du service public. Et cette année, il était prévu qu’il soit à l’antenne que sur huit étapes mais porté par sa passion pour la petite reine, l’ancien champion au charisme incommensurable, repoussait chaque jour ses limites pour être présent aux côtés de Thierry Adam à commenter les courses malgré sa voix cassée et tremblotante. Mais il était difficile d’imaginer une seule seconde qu’il était déjà sous la flamme rouge de cette course contre le cancer.

S’il y a une image qui restera gravée dans les mémoires c’est bien celle du duel avec Greg Lemond lors du Tour de France 1989. Pourtant c’est l’Américain qui s’impose de 8 secondes seulement sur les Champs Elysées. Et Fignon le rappelait souvent « j’ai remporté deux Tours de France mais on ne me parle jamais que de celui que j’ai perdu. »

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Ses plus grands titres

Malgré les blessures qui ont affecté sa carrière, l’intello du peloton comme on l’appelait – en référence à ses petites lunettes rondes – compte 76 victoires à son palmarès. Ses grands titres:

– Tour de France 1983 et 1984
– 11 étapes du Tour de France en 10 participations
– Meilleur jeune du Tour de France 1983
– Tour d’Italie 1989
– Meilleur grimpeur du Tour d’Italie 1984
– Champion de France sur route 1984
– Milan-San Remo 1988 et 1989
– Flèche Wallonne 1986

Il connaitra une fin de carrière moins flamboyante. Contrôlé positif aux amphétamines à deux reprises, Laurent Fignon rangea définitivement son vélo en 1993 avant de devenir consultant cycliste pour les médias.

Lors de la dernière étape du Tour de France 2009, Daniel Bilalian, directeur des sports à France Télévisions remercie son équipe du travail accompli. Il salue le courage de Laurent Fignon et c’est avec beaucoup d’émotions que le champion lâchera quelques larmes en direct sur France 2. Un moment fort.

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Quelques réactions du monde du cyclisme

Depuis l’annonce de son décès mardi, le monde du cyclisme s’émeut devant la disparition de Laurent Fignon. Pour le directeur du Tour de France Christian Prudhomme, « c’était une grande figure du cyclisme français. Je mêlerai autant le palmarès que l’homme. Il a marqué par sa carrière, ses succès et sa défaite historique en 1989 qui est réductrice par rapport à son palmarès: deux Tours de France (1983, 1984), deux Milan-Sanremo (1988, 1989), une Flèche Wallonne (1986), un titre national (1984)… C’était aussi un caractère, avec un franc-parler qui ne s’est pas démenti pendant trente ans, quand il était coureur et ensuite en tant qu’organisateur ou consultant. Il n’hésitait pas à dire les choses. Il a incarné un cyclisme offensif, fait d’attaques variées et incessantes avec un côté chevaleresque. Dès qu’il est passé pro, on l’a remarqué avec ses cheveux blonds, ses lunettes rondes, sa réputation d’intellectuel… C’est quelqu’un qui avait du charisme. »

Laurent Jalabert s’est dit « bouleversé » par cette disparition. « Quand on sait qu’une personne est atteinte d’une maladie qui n’est pas facile à soigner, on craint toujours qu’elle ne s’en sorte pas. Mais, là, ça m’a choqué, ça m’a bouleversé parce que, honnêtement, je pensais après le Tour qu’il était sur la bonne voie », a-t-il confié à l’AFP.

L’Américain Lance Armstrong, septuple vainqueur du Tour de France, a lui aussi rendu hommage à Laurent Fignon via son Twitter: « Je viens juste d’apprendre la disparition de Laurent Fignon. Il était un ami cher et un cycliste de légende. Tu vas nous manquer, Laurent », écrit Armstrong.

Le quintuple vainqueur du Tour, Bernard Hinault s’est dit « très touché » par la mort de Laurent Fignon. « C’était un combattant, il se battait pour la victoire comme moi, mais on menait toujours une lutte honnête, correcte. Là encore (face à la maladie) il s’est battu mais il n’a pas gagné. Je ne garde que des bons souvenirs de lui. Même si c’était un concurrent combatif sur le vélo, on a partagé beaucoup de bons moments hors du vélo. Je l’ai toujours vu joyeux, heureux de vivre même dans les moments les plus difficiles. Il parlait franchement. Chacun s’exprime à sa manière. Lui, il osait dire la vérité, ce qu’il pensait. »

Greg Lemond, celui qui devança Fignon de 8 petites secondes en 1989 a confié que le coureur Français « était un des meilleurs coureurs des 35, 40 dernières années (…) C’est un mec qui ne parle pas beaucoup, c’est un homme privé, mais aussi un homme qui a une forte tête. J’aime bien, il est honnête avec lui-même (…) En 1989, moi sur le podium, je me sentais mal pour lui. »