L’OMS, sous l’emprise des lobbies pharmaceutiques ?

Peu après l’esclandre post « grippe A business » (sous-entendez que le virus n’a pas fait que des malades, mais surtout des laboratoires pharmaceutiques heureux), voilà qu’un nouveau scandale est sur le point d’éclater au sein de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

En décembre 2009, Wikileaks (site web qui de manière anonyme met à disposition du grand public des informations sur des sujets sensibles) diffuse un rapport confidentiel de l’OMS sur les maladies négligées frappant les populations démunies et marginalisées des pays en développement (pour rappel, moins de 1% des 1400 médicaments homologués entre 1975 et 1999 étaient destinés au traitement des maladies qualifiées de négligées, faute de représenter une opportunité intéressante de profit pour les laboratoires pharmaceutiques).

L’IFPMA (la Fédération internationale de l’industrie pharmaceutique) ayant eu connaissance de ce rapport de manière officieuse a alors jugé inconvenable dans un email annexé au rapport diffusé par Wikileaks la proposition faite par le Brésil d’établir une taxe sur les profits des industries pharmaceutiques, mesure qui aurait pu permettre d’engranger près de 160 millions de dollars. Le lobby pharmaceutique s’insurge également contre la création d’une communauté de brevets instaurant la gestion commune des droits de propriété intellectuelle dans le but de réduire le prix des traitements contre le VIH.

Lors de la réunion du Conseil exécutif de l’OMS à Genève en janvier 2010, il a été distribué aux 34 pays participants une synthèse du rapport sur les maladies négligées dans laquelle ni l’instauration d’une taxe voulue par le Brésil, ni l’établissement d’une communauté de brevets ne sont mentionnés. Simple omission ou résolution volontaire ?

Margaret Chan, la directice générale de l’OMS a dès lors fait savoir qu’une enquête allait être mise en place et que s’il le fallait, l’immunité diplomatique des experts en charge du rapport originel serait levée, craignant l’indignation générale alors même que l’OMS accusée d’avoir surestimé le risque représenté par la grippe A sous le poids des lobbies pharmaceutiques a été sommée de s’expliquer sur sa gestion de la pandémie. Une véritable traversée du désert en somme.


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