Robert Mugabe, plus vieux dirigeant du monde, passe la main

Le plus vieux dirigeant du monde a fini par démissionner de son poste de président du Zimbabwe. Elu en 1980,  Robert Mugabe a remis hier une lettre de démission au Parlement zimbabwéen.

La lecture de cette lettre par Jacob Mudenda, le président de l’Assemblée nationale, s’est faite sous les applaudissements de l’assistance. Le désormais ancien président y précisait notamment les raisons de son départ : « Moi, Robert Gabriel Mugabe, (…) remets formellement ma démission de président de la République du Zimbabwe avec effet immédiat (…). J’ai choisi volontairement de démissionner. (…) Cette décision a été motivée par (…) mon désir d’assurer un transfert du pouvoir sans problème, pacifique et non violent. »

Le nom de son remplaçant par intérim est déjà quasiment acté. C’est l’ancien vice-président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, qui devrait être nommé.

Des réactions enthousiastes

Après l’annonce de la démission de celui qui était en poste depuis plus de 37 ans, c’est tout un pays qui a basculé dans des scènes de liesse. Un concert de klaxons s’est emparé de la capitale Harare, et s’est poursuivi jusque tard dans la nuit. La communauté internationale a également réagi à l’éviction du dirigeant âgé de 93 ans. Washington a considéré que la démission de Mugabe constituait « une opportunité historique » pour tous les zimbabwéens. Theresa May, première ministre britannique, a également déclaré que le Zimbabwe, ancienne colonie britannique « avait tout le soutien » du Royaume-Uni. Elle a aussi affirmé que  la démission de Robert Mugabe offr[ait] au Zimbabwe l’opportunité de se forger une nouvelle voie libre de l’oppression qui a caractérisé son pouvoir ». L’Union Européenne a réagi par la voix de la chef de sa diplomatie, Frederica Mogherini, qui a salué la décision prise par Monsieur Mugabe.

Un règne qui s’écroule en 15 jours

Le début de la chute du président Mugabe intervient le 6 novembre lorsque le chef de l’Etat limoge son vice-président Emmerson Mnangagwa. Grace Mugabe, femme du dirigeant suprême, est alors pressentie pour prendre la place de Mnangagwa, se plaçant ainsi en excellente position pour succéder à son mari à la tête du pays. Cette décision entraîne l’inquiétude de l’armée qui, via son leader le général Chiwenga, met la pression sur Mugabe en précisant que l’armée « n’hésitera pas à intervenir » en cas de nouvelle décision étrange du président. C’est ce qui va se passer dans la nuit du 14 au 15 novembre. Les blindés s’installent dans la capitale Harare, et la résidence privée du président est mise sous surveillance.

Malgré l’obstination de Mugabe, qui par deux fois refuse la sortie, ses soutiens politiques les plus indéfectibles le lâchent un par un. La situation atteint son paroxysme le 19 novembre, lors d’une réunion en urgence de la Zanu-Pf, le parti au pouvoir. Les dirigeants lui retire son mandat de président du parti et évince également sa femme Grace. Le 21 novembre, le Parlement se réunit pour engager une procédure de destitution du président Mugabe. C’est alors que le président de l’Assemblée, Jacob Mudenda invite la salle au silence, s’approche de son pupitre pour lire la lettre de démission du président Mugabe. La fin d’un règne de 37 ans.


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