Droit de vote des étrangers : les socialistes se divisent

75 députés socialistes publient une tribune, aujourd’hui, dans le Monde, exhortant le président de la République à mettre en place le droit de vote des étrangers pour les élections locales.

C’est une proposition avant tout symbolique, mais elle n’a pas finit d’embraser les débats. Après avoir contribué à animer la campagne présidentielle, la question du droit de votes aux étrangers pour les élections locales place le gouvernement français dans l’embarras.

« J’accorderai le droit de vote aux élections locales aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans. », déclarait François Hollande durant la campagne présidentielle. Quatre mois après son élection, et en dépit de l’adoption de la mesure en décembre 2011 par le Sénat, rien n’a été fait pour aller dans ce sens, même pas la mise en place d’une commission de réflexion dont le gouvernement socialiste semble pourtant friand.

Quatre mois, dira-t-on, rapporté à la totalité d’un quinquennat, c’est peu de temps. Pour les 75 députés PS ayant cosignés, ce matin, dans le Monde, une tribune appelant le président de la République à respecter son engagement, c’est manifestement encore trop.

D’après Razzy Hammadi, député de la Seine-Saint-Denis « c’est une mesure qui, pour un grand nombre de socialistes, devra être effective pour les municipales de 2014. Ce qui nécessite, d’ores et déjà, une discussion pour envisager la manière de la mettre en place »

A l’Elysée, si on se défend de tout recul sur la question, le dossier ne constitue pas une priorité. Interrogé ce matin par le Monde, Manuel Valls, ne semble pas considérer qu’il y a urgence : « Est-ce que c’est aujourd’hui une revendication forte dans la société française ? Un élément puissant d’intégration ? Non. Ça n’a pas la même portée qu’il y a trente ans. Aujourd’hui, le défi de la société française est celui de l’intégration »

Il faut dire que la proposition est loin de faire l’unanimité, et qu’il y a, dans cette affaire, surtout des coups à prendre pour le gouvernement. D’autant plus que l’adoption de la mesure nécessiterait une révision constitutionnelle. Or, que celle-ci se fasse par référendum ou par réunion du Congrès, elle est loin d’être acquise. La droite et l’extrême-droite sont en embuscade; et le gouvernement le sait. «  Ce débat risque de provoquer des fractures. Dans un moment de crise, on voit bien comment cela peut être utilisé, agité. », ajoute le ministre de l’intérieur.


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