Etre femme et carrossier peintre : Emilie raconte

Emilie, jeune carrossière de 23, a accepté de répondre à nos questions sur sa passion, l’automobile. Dans un secteur très masculin, la jeune femme a réussi à se faire sa place et à s’épanouir dans sa passion.

– Pouvez-vous présenter votre secteur d’activité (métiers, rémunération, rythme de travail)

Par secteur d’activité:

  • mécanique: mécanicien, cotech, ingénieur mécanique
  • le salaire moyen est d’environ 1500 euros net
  • rythme de travail: c’est assez physique pour les gros chantiers comme la dépose repose d’un moteur, les horaire sont régulier, 35h par semaine.
  • carrosserie: carrossier réparateur, préparateur, carrossier constructeur, ingénieur en construction
  • le salaire moyen est d’environ 1700 € net
  • rythme de travail: très physique beaucoup de poids à soulever dans la journée, la répétition des coups de marteau pour redresser. Les horaires sont aussi de 35h par semaine en générale.
  • peinture: préparateur, peintre, chimiste en peinture automobile
  • le salaire moyen est d’environ 1600 euros net
  • rythme de travail: c’est assez physique mais il faut avoir quand même un peu de souplesse pour peindre. 35 h par semaine en générale

 Le salaire des deux métiers carrossier-peintre est plus intéressant et peut se situer entre 2000 et 2500 euros.

– Pouvez-vous exposer votre parcours et expliquer vos choix (CAP peinture, bac carrosserie puis bac pro mécanique) ?

 Tout d’abord, j’ai commencé par des études qui n’ont rien à voir avec mon métier d’aujourd’hui. J’ai commencé par un BEP carrière sanitaire et sociale puisque ma mère ne voulait pas que je travaille dans le secteur de l’automobile. À l’obtention de ce diplôme, j’ai dit à ma mère que je ne voulais qu’une seule chose : me diriger vers la carrosserie. Je me suis donc dirigée vers le CFA de la carrosserie qui se trouve à Villeneuves la garenne pour m’inscrire au bac professionnel « réparation des carrosseries » en 3 ans. Après l’obtention du baccalauréat réparation des carrosseries je me suis dirigée vers un CAP peinture automobile en 1 ans. Ce sont deux métiers différents mais complémentaires pour moi. Maintenant, je prépare mon bac pro des maintenances de véhicules automobiles, je suis en deuxième année et passe donc mon bac l’année prochaine.

 – Comment vous est venue votre passion ? (rencontres, recherches…)

 Cette passion m’est venue depuis toute petite par mon papa qui était toujours en train de réparer les voitures. J’étais toujours avec lui, je me suis intéressée à ce qu’il faisait même si je ne comprenais pas tout. Au fil du temps, je me suis mise à participer. Plus je l’aidais plus j’adorais. C’est ce qui m’a donné l’envie d’en faire mon métier.  

– Qu’est-ce qui vous attire dans ce domaine ?

Ce qui m’attire dans ces métiers vu que j’en ai 3, c’est vraiment la diversité des métiers. Je m’explique…

En carrosserie, même si les gestes que l’on pratique pour la réparation sont assez répétitifs, on ne tombe jamais sur le même choc. Pour la peinture, c’est le côté pointilleux du métier, mais aussi le mérite de dire que c’est moi même qui ai fait la voiture du début à la fin. Il ne faut pas croire que carrossier peintre n’est qu’un seul métier.

Et pour la mécanique c’est vraiment le fait d’être polyvalente dans un garage. Puis on a besoin des connaissances en mécanique pour le métier de carrossier (exemple : un choc avant où le radiateur est touché). Si l’on n’a pas de diplôme en mécanique, on est obligé d’attendre le mécanicien pour effectuer les tâches. Donc moi j’ai préféré passer mon diplôme pour être totalement autonome.

– Quelles ont été vos grandes joies (réussites de concours ?) et vos grandes déceptions dans le domaine de la carrosserie ?

 Ce qui me plaît énormément avant tout, c’est l’encadrement de mes professeurs. Depuis le début, ils m’ont soutenue dans les bons et mauvais moments. En effet ils m’ont permis de prouver que j’avais ma place dans des métiers très masculins. Je m’explique, à la fin de ma première année de bac pro carrosserie, le directeur de mon CFA m’a inscrite aux Olympiades des métiers de la réparation des carrosseries. Je suis arrivée 3e meilleure apprentie régionale de France sur un total de 16 apprentis, à très peu de points d’écart avec les premiers. Ensuite, à la fin de mon année en peinture, il m’a réinscrite aux Olympiades des métiers de la peinture et cette fois, je suis arrivée 2e meilleure apprentie à 0.15 point d’écart avec le premier sur 12 apprentis. Je n’ai pas de grandes déceptions dans ce domaine, je n’ai que du positif pour ma part.

 – Quels obstacles avez-vous rencontré lors de votre parcours ? (Discrimination par exemple)

 Au début, ça a été très difficile de s’intégrer à la vie professionnelle parce que ce n’est pas le tout d’avoir le CFA, il faut trouver un patron pour signer le contrat d’apprentissage. J’ai eu beaucoup de mal à le trouver, j’ai eu très souvent la même réponse : « vous êtes une femme vous n’y arriverez pas, vous êtes trop féminine ce n’est pas un métier pour vous». Le machisme est tel qu’un jour on m’a dit que les filles dans l’automobile sont là pour se faire prendre en photo à côté des voitures et non pour les réparer … Beaucoup de clients au garage sont surpris quand je leur rends leur véhicule mais ils sont ravis du résultat, même si souvent ils ont du mal à y croire. Certains m’ont déjà dit que s’ils avaient su que c’était une fille qui allait réparer leur voiture, ils ne seraient pas venus. Ça me fait du mal d’entendre ce genre de propos mais j’ai mon diplôme, je suis récompensée lors des concours, je sais ce que je vaux.

 – Quels sont vos projets pour l’avenir ?

 Tout d’abord, avoir l’obtention de mon bac pro mécanique. Mais je ne compte pas m’arrêter là dans mes études, je veux continuer dans une catégorie de la même branche qui commence à être beaucoup pratiquée en France en temps de grêle : le débosselage. C’est une manière de redresser les impacts dus à la grêle ou à un impact sans repeindre les éléments. Ce n’est pas un diplôme d’Etat mais un CQP (certificat de qualification professionnel), c’est donc une formation.

Après cela, j’ai plusieurs portes qui s’ouvrent à moi. J’ai déjà eu des propositions de poste comme responsable en carrosserie dans mon entreprise, enseignante dans le CFA où je suis actuellement, et plusieurs postes en tant que carrossière peintre. Mais je n’ai pas encore fait mon choix.

 – Quels conseils donnerez-vous aux jeunes (femmes et hommes) qui veulent s’engager dans cette voie ?

 Je pourrais dire que si l’on n’a pas la passion de l’automobile, ces métiers ne sont pas pour vous. Il faut être très minutieux, très adroit de ses mains. C’est un métier assez physique, mais tellement beau quand on voit le résultat de notre travail.

 – Avez-vous un message à faire passer ?

Ce n’est pas un métier masculin. Nous les femmes, si on le veut on peut faire ces métiers. Il faut arrêter de dire que tel métier est pour les femmes et que tel autre est pour les hommes. Tous les métiers sont mixtes, il faut arrêter les préjugés et changer certaines mentalités.


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