Doctorat : en péril à cause de nouveaux diplômes ?

Suivant l’exemple de l’université de Paris-Dauphine (9ème promotion en 2015), Science-Po Paris pensait lancer un « doctorat professionnel ».

Cette formation en deux ans n’est pas vraiment doctorale. Avec des frais d’inscription extrêmement élevés (29 000à Dauphine), ce nouveau diplôme fait planer des menaces en termes d’intégrité, de recherche et de qualification. Les conditions d’accès restent également floues.

Il s’agit d’un contrat de deux ans pour les salariés du privé (consultants, cadres) qui mène à l’obtention d’un « doctorat professionnel » ou « executive doctorate« . Ce délais se révèle bien trop court pour effectuer des recherches de qualité qui apporteront une valeur-ajoutée à la collectivité. S’adressant à des personnes travaillant à temps plein, « le doctorat professionnel » laissera peu de place à la lecture et à la prise de recul.

La demande de la part des entreprises et des salariés est pourtant bien là. Ils sont nombreux à souhaiter ajouter le titre de docteur à leur carte de visite. Les universités ou écoles privées étrangères proposent parfois ce type de diplômes : executive doctorate in business administration (EDBA).

Ce nouveau diplôme risque surtout de dévaloriser les autres doctorats.

La similitude entre le nom de ces différentes qualifications risque d’engendrer de la confusion. Le doctorat classique, est effectué en minimum 3 ans par un étudiant ayant déjà validé un mémoire de recherche en master 2. Il a donc l’habitude et le goût de la recherche.

Les chercheurs risquent de privilégier les « doctorats professionnels », plus court, aux dépens des doctorats classiques.

Certains vont même jusqu’à dire que faire un « doctorat professionnel » revient à un achat « du diplôme aux enchères », comme un collectif étudiant de Science Po qui a publié un texte dans Rue89 le 23 février 2015. La Commission permanente du conseil national des universités (CPCNU) a également communiqué ses craintes d’une augmentation des offres de « doctorat au rabais scientifiques ».

Finalement, Science-Po Paris est revenu sur sa décision de créer un « doctorat professionnel ».

L’université Paris I Panthéon-Sorbonne a quant à elle opté pour un choix de partenariats en décembre 2013 en proposant un doctorat en formation continue. L’école doctorale reste maîtresse du recrutement, de l’évaluation et de la sélection du jury.

En ce moment, les autorités réfléchissent à la réactualisation de l’arrêté ministériel sur les écoles doctorales et le doctorat.


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés