Camille a des envies

Camille, l’auteur compositeur à la fantaisie lunaire, a des envies…On la connait multiple, capable de chanter de l’opéra, de se mettre en transe sur scène ou de revisiter les cris animaux du théâtre nô. Pour le Louvre, Camille crée quelques «vijing» rafraîchissants, mélanges de ses voix plurielles et d’images de films muets. Plusieurs cartes blanches lui sont ainsi accordées jusqu’en juin, intitulées «Films muets et musiques actuelles». Avant-goût avec la performance du 12 février : «Madame a des envies», du nom du film réalisé par la première cinéaste française Alice Guy en 1906.

«Sur Madame a des envies, et la série de petits films cocasses qui suit, j’invite un DJ qui mixera, distordra à sa guise des chansons du début du siècle et autres vieilleries charmantes.» (Camille)

« Madame a des envies » : Après avoir sélectionné et monté des extraits de films muets du début du siècle traitant de la question féminine, Camille en refait le bruitage.

La reine des onomatopées glougloute, chantonne, chuinte et chuchote, minaude, gazouille, gronde et miaule, ironise avec tendresse de désuètes chansons, telles « Les feuilles mortes » du sieur Prévert, sur des images d’archive. S’amusant comme une gamine malicieuse, elle invente ou récite des textes, mêle sa voix à celle d’enfants, pousse des cris, imagine en somme un fond bruitiste en accord avec la discordance sonore qui est sa signature.

Une petite fille de « Comic strip » gainsbourgienne qui ferait des « shebam, pow, blop, wizz » en toute décontraction, sur un cinéma montrant une révolution en marche, de la nourrice gréviste à la femme enceinte qui a des envies et n’en fait qu’à sa tête jusqu’aux femmes obtenant enfin le droit de vote. Toute une galerie de portraits vifs et touchants de femmes qui ne sont muettes que parce que le cinéma n’a pas encore inventé la voix. Il y aussi leurs tendres moments où, girondes et roucoulantes, elles prennent leur bain, dans le jardin ou dans de somptueux bassins, tandis que Camille surtitre gaiement : « Moi, je chante sous mon bain, lalala, c’est rigolo quand on est sous l’eau ». Les « rhabillant » avec humilité et pudeur de sa voix de perle, Camille rend hommage à ces femmes militantes et têtues, qui donnèrent forme à leurs «envies».

Et, puisque le génie espiègle des aléas voulût que la date de l’ouverture du Carnaval du Brésil coïncidât avec sa performance, Camille dansa à perdre haleine sur des airs endiablés de batucada, suivie par une foule conquise et remuante. Plurielle, vous dis-je…

Cartes blanches à Camille
Duos éphémères
Films muets et musiques actuelles
Vendredi 19 mars 2010
« Y a des fantômes dans la maison »
Camille et Reggie Watts
Vendredi 9 avril 2010
« Paris Paname »
Simon Dalmais et Saul Williams
Vendredi 11 juin 2010
« En piste ! »
Clément Ducol and Co

Auditorium du Louvre
Tarifs : 10€, 8€ (réduit), 6€ (jeunes et solidarité), 4€ (carte Louvre jeunes et groupes scolaires)
50 places gratuites pour les cartes Louvre jeunes à retirer au guichet le jour même à partir de 19h30


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