Mohamed Dubois ou l’intégration à l’envers

Eric Judor revient sur grand écran dans le rôle d’Arnaud Dubois, un jeune homme issu de la grande bourgeoisie, qui ressemble plus à un Mohamed qu’à un Arnaud. Lorsqu’il apprend que son père a fait un test de paternité et que sa mère a eu une aventure avec Saïd, un professeur de Tennis à Djerba avant sa naissance, Arnaud quitte la maison familiale du Vésinet, la banque Berthier où il travaille, persuadé qu’il est arabe, et s’installe dans une cité où il devient vendeur de kebabs. Il rencontre en boite Mustafa qui lui présente sa sœur Sabrina dont il tombe éperdument amoureux au premier regard. Pour conquérir son cœur, il sait qu’il doit taire ses origines sociales, se faire passer pour un maghrébin comme elle et se fait appeler Mohamed. Là commence un véritable parcours semé d’embuches et de quiproquos. Rencontre avec Eric, sans Ramzy.

Mohamed Dubois est le premier long-métrage d’Ernesto Oña, comment l’avez-vous rencontré et quelles sont les raisons qui vous ont poussé à travailler avec lui ?

Mon ami Youssef Hajdi, mon partenaire de jeu dans le film [Mustafa, ndlr] et dans la série Platane, est venu me voir un jour en me disant qu’on lui avait proposé un second rôle dans Mohamed Dubois. Il m’a fait lire le scénario que j’ai trouvé super drôle et Youssef m’a mis en contact avec Ernesto. Je l’ai rencontré, j’ai discuté avec lui pour en savoir plus, j’ai regardé les courts-métrages qu’il avait fait précédemment et j’ai accroché. C’est comme ça que j’ai été amené à travailler avec lui.

Le côté jeune Français qui part à la recherche de ses origines maghrébines, rappelle beaucoup Il était une fois dans l’Oued, où vous avez d’ailleurs joué avec Ramzy le rôle de commerçants. Pensez-vous qu’Ernesto s’est inspiré de ce film pour écrire le scénario ?

Je ne pense pas. Le film Mohamed Dubois est en réalité tiré d’une histoire vraie. De ce que Ernesto m’a raconté quand je l’ai rencontré la première fois, c’est l’histoire quasi vraie de l’un de ses potes qui a un physique d’arabe et qui a voulu savoir si c’était un pur hasard ou s’il avait vraiment des racines qu’il ignorait. Je crois qu’effectivement la mère de son ami avait réellement eu une aventure avec un maghrébin, donc le film a un fond qui s’appuie sur une réalité.

Beaucoup de comédies prennent comme objet la vie dans la cité, en quoi Mohamed Dubois se démarque de ces films selon vous ?

Selon moi, il y a une différence dans l’écriture et la représentation des personnages. Les médias donnent trop souvent à voir des jeunes issus des cités qui parlent avec agressivité, qui portent une capuche sur la tête et qui s’expriment en verlan. Je trouve que le film sort de ces clichés et porte un regard tendre sur ces mecs-là. Quand on voit Youssef Hajdi ou Mhamed Arezki, par exemple, qui interprètent des personnages qui savent parler, qui sont gentils, doux, ça m’a rappelé des mecs de cité que je connais et qui sont loin des clichés de violence véhiculés par les médias. Je trouve que c’est une bande de potes très attachante, à l’image des Bronzés, mais les vrais pour le coup, car ils sont vraiment bronzés !

Plus jeune, vous a-t-on souvent confondu avec un Mohamed ?

(Rires) Alors pas tant que ça, en revanche, depuis que je fais le duo avec Ramzy, les gens m’appellent souvent Ramzy. Ils doivent se dire au fond que je suis arabe, alors qu’en fait ma mère est autrichienne et mon père guadeloupéen. Par contre, personne ne se trompe avec Ramzy, on ne l’a jamais appelé Eric bizarrement… Au bout de 15 ans de carrière, je me suis habitué, d’ailleurs dans ma tête, je m’appelle Ramzy.

C’est finalement peut-être pour ça qu’Ernesto vous a choisi pour incarner le personnage principal…

Sûrement ! Au départ, Ernesto m’a dit qu’il cherchait un arabe pour incarner Mohamed Dubois, mais lorsque Youssef m’a fait lire le scénario et que je m’y suis intéressé, le fait que je joue un mec qu’on prend pour un arabe alors qu’il ne l’est pas, est devenu une évidence pour lui, en plus c’est un peu ce qui m’arrive dans la vie. Donc l’histoire m’a forcément parlé tout de suite.

C’est la première fois que vous jouez avec ces acteurs ?

J’avais uniquement tourné avec Youssef dans Platane et dans Halal Police d’Etat, mais pas avec les autres.

En regardant le film pourtant, on a vraiment l’impression de voir une vraie bande de copain, vous avez l’air de vous être bien éclatés, est-ce que cette complicité est restée entre vous ?

Ah ça c’est sûr qu’on s’est bien marrés entre nous ! Dès le premier jour de tournage, tout le monde était très à l’aise, il y avait une superbe ambiance et je pense que ça transparaît beaucoup à l’écran. Nous sommes restés très bons amis après le film.

Quelle est votre scène préférée ?

Il y en a une qui m’amuse beaucoup, celle où j’arrive dans la salle de boxe, je fais croire à Sabrina que je sais boxer et je l’assomme dès notre première rencontre sans le vouloir. Je trouve ça amusant que ce premier coup de foudre se traduise par un coup de poing, l’idée d’assommer la femme que t’aime, alors que tu veux juste l’impressionner m’a fait beaucoup rire !

Y a-t-il une scène qui vous a moins plu ?

Rien ne m’a déplu, par contre j’ai été assez gêné d’embrasser une femme à l’écran, c’était la première fois. J’ai plus l’habitude de jouer dans des comédies avec des grosses blagues où l’histoire d’amour est un sujet que l’on survole, alors que là, embrasser Sabrina m’a mis mal à l’aise, c’était particulier. Mais au final, la gêne est partie car Sabrina est une partenaire formidable pour jouer, donc c’était cool, mais particulier pour moi.

Comment se passe un tournage avec l’effervescente Biyouna ?

Elle est hilarante et à la fois très facilement cadrable. Il n’y a aucun problème pour tourner avec elle, c’est pas le bordel. Lorsqu’elle joue ses scènes, elle est très professionnelle tout en rajoutant sa touche personnelle. C’est Biyouna quoi, elle est folle et c’est génial de tourner avec elle, j’ai l’impression d’être avec Ramzy en fille. Je la connaissais déjà avant le film car Ramzy produit son spectacle que je suis allé voir. J’adore cette femme, humainement, elle est formidable. Ramzy et moi sommes attachés à elle, on a l’impression qu’elle nous considère comme ses enfants. D’ailleurs les premières scènes tournées l’ont été avec elle, du coup, j’avais immédiatement l’impression d’être en famille.

Mohamed Dubois, sortie en salle le 1er mai 2013


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