Tiken Jah Fakoly : une mobilisation en chanson contre l’occupation du Mali

C’est aux premières lueurs de 2013 que le chanteur de Tiken Jah Fakoly a accouché d’une nouvelle création. Intitulée « An ka Wili » –  « Mobilisation et Galvanisation » en Bambara –, la chanson illustre le soutien de l’artiste ivoirien au peuple malien. Car depuis bientôt neuf mois, les habitants du Nord-Mali subissent l’occupation des djihadistes.

Le chanteur, qui a vécu dix ans dans la capitale malienne, Bamako, en exil au moment de la crise ivoirienne, justifie ainsi sa démarche artistique : « Je dis qu’il faut que tous les Maliens fassent en sorte que les villes du Nord ne nous échappent. » Une nouvelle façon pour lui de prendre partie contre les envahisseurs, les colonisateurs, les expropriateurs, qu’ils viennent d’Afrique ou d’ailleurs. Dans son nouveau morceau « An ka Wili », librement accessible via la plateforme Youtube depuis le 1er janvier 2013, Tiken Jah Fakoly dénonce les actions des djihadistes qui, liés au réseau terroriste Al-Qaida, ont pris possession du Nord-Mali par les armes.

« C’est ma manière de dire que si nous ne faisons rien, les villes de Tombouctou, de Gao et de Kidal, aux mains des djihadistes, ne feront plus jamais partie du Mali », a déclaré ce chanteur de reggae connu pour ses prises de position contre les maux qui minent le continent africain – la corruption politique, le pillage des richesses, la xénophobie, le trafic d’armes – et pour la défense des valeurs panafricaines, la libre circulation des hommes, la justice. Ainsi, dans la chanson « Françafrique » issue de l’album éponyme, il chante : « Ils nous vendent des armes / Pendant que nous nous battons / Ils pillent nos richesses / Et se disent être surpris de voir l’Afrique toujours en guerre ». Cet opus paru en 2002 lui a d’ailleurs obtenu une Victoire de la musique.

En 2009, l’artiste ivoirien avait pris la tête de la campagne « Un concert, une école », destinée à financer la construction d’une école dans la ville de Dianké, vers Tombouctou. Aujourd’hui, Tiken Jah en appelle « à la mobilisation générale » des Maliens pour sauver leur patrie : « Le Mali a connu de grands hommes, de grands empires et il est inimaginable de laisser le pays coupé comme c’est le cas aujourd’hui. Il faut que les Maliens comptent d’abord sur leurs propres forces », explique-t-il en faisant référence aux interventions militaires extérieures qui se préparent.

A la fin de la chanson, il passe en revue les héros nationaux maliens, ponctuant chaque nom par l’exclamation « Mali » : Sonni Ali Ber, la « plus grande légende de l’empire tsongaï, immense stratège, authentique génie militaire », Samory Touré, le « grand guerrier africain et synonyme de la résistance aux colonisateurs », Soundiata Keïta, le « rassembleur des peuples et fondateur de l’empire du mandingue », Babemba, le « farouche opposant à la colonisation ». Le chanteur panafricain a vécu à deux reprises au Mali : en 2003, pour fuir les menaces de mort qu’il avait reçu dans son pays natal, la Côte d’Ivoire, puis en 2010-2011, durant les troubles postélectoraux qui avaient vu périr 3 000 morts.

Pour rappel, le Mali traverse une double crise depuis le 22 mars 2012. A Bamako, la capitale, des militaires ont renversé le président « incompétent » Amadou Toumani Touré. Au même moment, dans le Nord du pays, des rebelles touaregs et des groupes islamistes ont pris les trois principales villes du Mali, Kidal, Gao et Tombouctou.

Crédit photo : picture-alliance/DPA


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