« Izis, Paris des rêves »

Photographe méconnu du grand public, Izis est remis à l’honneur par la ville de Paris, qui lui consacre une grande rétrospective à l’Hôtel de Ville.

Injustement oublié au profit de ses contemporains Robert Doisneau ou Willy Ronis, Izis sort de l’oubli grâce à cette exposition qui revient surtout sur ses oeuvres « parisiennes ». Ce grand poète nous offre pourtant des clichés d’une grande sensibilité, comme l’Homme aux bulles de savon un de ses clichés sur l’Angleterre.
On découvre le parcours de cet exilé lituanien qui débarque à Paris en 1930, à seulement 19 ans et sans un sou en poche. Cet apprenti photographe qui ne parle que le yiddish et l’hébreu survivra tant bien que mal aux salaires de misère qui lui permettent à peine de vivre. Au bout de trois ans, il décroche un emploi au studio Arnal, connu pour ses portraits d’acteurs. Quand la guerre éclate, Izis doit se cacher pour échapper aux nazis. A la Libération, il photographie les hommes du maquis, ces résistants de la première heure.
Revenu à Paris après la libération, ses clichés bruts de maquisards lui acquièrent pour toute sa carrière une réputation de poète. Il ouvre les yeux sur Paris qu’il photographie sous toutes ses formes : drôle, mélancolique, mystérieuse. On se promène avec bonheur dans le Paris d’après-guerre qui revit doucement, renaissance qu’Izis a su saisir avec une sensibilité extrême.
A partir de 1949, et pendant vingt années, Izis travaillera pour le magazine Paris-Match. Il rencontre, tout au long de sa vie, des artistes et poètes qu’il capte dans son objectif comme son ami Jacques Prévert. Photo-reporter, son regard décalé sur les grands événements qu’il couvre lui vaut le surnom de « Izis des foules » : ainsi, il revient du Tour de France sans une photo du gagnant, ou photographie des dormeurs lors du couronnement de la reine Elisabeth à Londres. Des clichés qui révèlent l’humour de cet homme discret.
Dès 1951, il fait partie des cinq photographes français consacrés par le prestigieux Museum of Modern Art de New York aux côtés de Robert Doisneau, Henri Cartier-Bresson, Brassaï et Willy Ronis, la bande de ce que l’on allait appeler la « photographie humaniste ».
L’exposition nous dévoile, dans différentes salles, le reportage qu’il avait réalisé sur l’exposition de son ami et peintre Marc Chagall au Palais Garnier, mais aussi ses clichés de clowns sur le cirque.
Une oeuvre immense par sa poésie, sa sensibilité et son mélange des genres extraordinaires.
A découvrir tous les jours, sauf le dimanche, jusqu’au 29 mai à l’Hôtel de Ville de Paris dans le 4e arrondissement. Exposition gratuite.

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