La mort nous ôte Lhasa…trop tôt

Lhasa, chanteuse américo-mexicaine, est décédée le 1er janvier à Montréal d’un cancer du sein. Elle avait 37 ans et une remarquable carrière derrière elle. Beaucoup regretteront sa voix caressante et ses influences chamarrées.

Le terme « musique du monde » est souvent insignifiant. Pourtant, il correspond bien à l’auteur et interprète américo-mexicaine Lhasa. Cette dernière, résidant au Québec, chante les langues anglaises, françaises et espagnoles. Sa musique est aussi mâtinée que le sont ses origines. Lente et lascive, menée d’une voix suave, ses compositions convoquent l’esprit tsigane, les mélodies blues et rock ainsi que la chanson traditionnelle mexicaine.

Lorsque Lhasa évoque sa vie, elle en parle comme d’une trajectoire partie « d’un centre pour aller dans tous les sens ». Dans tous les sens, au sens littéral du terme, puisque enfant, elle parcourt les Etats-Unis et le Mexique en bus en compagnie de ses parents, frères et sœurs. Elle arrive à Montréal en 1991 et, en 1997, crée son premier album La Llorona, qu’elle décrit comme étant l’« Amérique latine à la fois réelle et imaginaire, née de la mémoire d’une enfance itinérante ». Après avoir été élue « Meilleure artiste des Amériques » lors des World Music Awards grâce à son album The Living Road en 2005, elle entreprend plusieurs tournées en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique. Son troisième album, obscur, sobrement intitulé Lhasa, opère un tournant à la fois vocal et à la fois spirituel.

Chez Lhasa, il est toujours question de voyage : « Mes disques sont toujours des manières de voyages intérieurs ». Mais de multiculturalisme, non. « Il n’était pas question de devenir une sorte de porte-parole du multi culturalisme simplement parce que je chantais dans trois langues différentes. Toutes ces formes d’enfermement me répugnent. Ce qui m’intéresse, c’est être moi, c’est à dire être honnête envers moi-même, avec ce que je ressens ». Plutôt que de se faire le chantre du multiculturalisme, Lhasa rejette la culture unique.

Depuis deux ans, la chanteuse était atteinte d’un cancer du sein « qu’elle combattu avec courage et détermination pendant plus de 21 mois l’aura finalement emportée », confie son manager David-Etienne Savoie. La maladie l’a finalement emportée, pour le dernier de ses longs voyages.

Lhasa en concert privé  Fnac aux Bouffes du Nord, en mai 2009

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