SENTIMENTS PROVISOIRES AU THEATRE EDOUARD VII


AVEC SYLVIE TESTUD, PIERRE ARDITI ET FRANCOIS BERLEAND

A la vue de ces trois personnages, de ces deux couples, on pourrait s’attendre à ce que le sujet de la pièce soit le fameux triangle amoureux. L’histoire du mari cocu que sa femme quitte pour son meilleur ami, l’histoire d’une rivalité de désirs pour un même objet. Ces rapports de concurrence qui unissent les trois personnages sont en effet mis en relief, mais là n’est pas l’essentiel. Ce que la pièce illustre à merveille, c’est bien plutôt l’égoïsme narcissique de l’être humain, pour lequel l’amour de l’autre n’existe qu’en tant qu’il sert l’amour de soi.

Autrui est toujours considéré comme « [mon] objet », ainsi que le déplore Sylvie Testud. Cette idée se trouve exprimée encore plus clairement dans la bouche de Pierre Arditi s’adressant à François Berléand : «  Que serais-je si tu n’étais pas là pour que je te domine ? ». Ce constat criant de vérité, aussi cynique qu’il puisse paraître, est néanmoins servi avec beaucoup d’humour dans la pièce. Finalement, le mari n’aime pas plus la femme que le meilleur ami, et ni l’un ni l’autre ne sont irremplaçables. La pièce se clôt d’ailleurs sur un monologue de Sylvie Testud dans lequel elle raconte sa rencontre avec un jeune Anglais sur le bateau.

> Il faut enfin rendre justice au décor agréable, qui, dans sa relative simplicité, est joliment exploité lors d’un court passage où l’on ne voit plus que les ombres et les silhouettes de Sylvie Testud et Pierre Arditi. Soulignons encore que l’interprétation de François Berléand est particulièrement réussie par son naturel et son humour.

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Nadège Cluzel


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