Joseph Kosuth au Louvre : « ni apparence ni illusion »

Sur les ruines écorchées du Louvre médiéval, Joseph Kosuth écrit en une élégante typographie déliée, quelques énigmatiques phrases au néon.

Ces dernières prennent sens à mesure que l’on chemine dans le Louvre médiéval. Elles racontent l’histoire des fondations du musée le plus visité au monde et appellent à voir ces murs historiques que l’on ne remarque plus. Les quelques mots de Joseph Kosuth, entre le descriptif et le poétique, nous content ces murs :
« Le donjon est quelque part en avant, et le puits sur son chemin. La crypte est à la fin ».
« A chaque coin, le mur offre des suggestions et des options, mais aussi confusion et désorientation ».
Certaines de ces propositions, presque romanesques, sont plus insaisissables :
« Les mots lumineux rendent visibles à la fois celui qui voit et celui qui est vu. »

« Ni apparence ni illusion »
Comme ils enjoignent de voir, les mots au néon de Joseph Kosuth donnent à penser. Fils d’Ariane lumineux, ils guident le visiteur parmi les remparts majestueux. Mais gare ! Pour reconstituer le texte, qui prend une aura presque magique dans ce décor de château austère, il vous faudra retrouver certains mots dissimulés…dans le puits par exemple. Un véritable jeu de piste parmi les murs gigantesques et les sombres recoins des salles en ruine.

Joseph Kosuth et Le Louvre
Le Louvre invite Joseph Kosuth, figure de proue de l’art conceptuel, dans le cadre de sa politique d’ouverture à l’art contemporain, assez réussie, il faut le dire. Les œuvres sont de qualité et renvoient à l’art ancien en un échange toujours dialectique. On se souvient par exemple, des « Funérailles de Monna Lisa » de l’artiste contemporain Yan Pei-Ming, début 2009. Au sujet de ce dialogue entre passé et présent, Joseph Kosuth définit, avec un humour certain, Le Louvre comme étant « une collection d’art contemporain de tous les âges ».

Cet artiste plasticien fait partie des conceptuels et a longtemps travaillé avec le mouvement Art and Langage. Le procédé qu’il utilise pour son exposition « ni apparence ni illusion », l’écriture au néon, fait référence à ses travaux antérieurs, notamment Five words in green neon, représentant cinq mots écrits au néon vert. Un de ses travaux les plus connus est sans doute One and three chairs (1965), installation où l’on voit une chaise, la définition d’une chaise et la photographie de cette même chaise. Joseph Kosuth utilise le langage pour mettre en exergue de manière tautologique la question de la représentation.
Quel rôle joue le langage dans notre appréhension du monde ? Comment le langage permet de redécouvrir ce que l’on ne voit plus ? Joseph Kosuth propose, au Louvre, une ébauche de réponse à ces interrogations, avec poésie.

Joseph Kosuth « ni apparence ni illusion »
Jusqu’au 21 juin 2010
Le Louvre
(Fossés du Louvre médiéval, Aile Sully (remparts, donjon et salle Saint-Louis))
Gratuit pour les moins de 26 ans. Sinon, accès avec le billet d’entrée du musée (9 euros)
Tous les jours de 9h à 18h, sauf le mardi

Crédits photos : Joseph Kosuth « ni apparence ni illusion », détail d’installation © Musée du Louvre, octobre 2009 / Antoine Mongodin


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés