ARCHIVE LIBERE LES FOULES

ARCHIVE LIBERE LES FOULES

Aimer l’expérience du vide, de la perte et de la jouissance, d’un sol torturé  où plus rien n’est clair : c’est rencontrer Darius Keeler, Danny Griffiths et tous leurs collaborateurs. Archive met un point final à son projet gargantuesque, Controlling Crowds…Eclairages.

Un 6e album en 4 parties, Controlling Crowds, dont le très attendu dernier volet nous a enfin été livré, et ce directement depuis la lune. Une puissance saisissante, une obscurité abrutissante qui mènent droit aux cieux, loin du corps. ‘Sur scène, c’est sans doute l’album pour lequel le travail en concert va être le plus difficile. Il faut que sa puissance soit restituée.’ Si l’art a pour but d’être un rêve interstellaire qui capture les émotions psychiques en les sublimant dans une projection qui se compte en années lumières, Archive est vainqueur. ‘Les nouveaux Pink Floyd ? Les époques sont extrêmement différentes mais peut-être oui, c’est un compliment pour nous.’

Trip hop, hip hop, électro, rock progressif, Archive est un peu de tout ça : un univers créatif très fort qui prévaut, et qui se traduit librement sur la toile dans de multiples genres. ‘C’est ce qui est stimulant, de ne jamais vraiment savoir, nous cherchons toujours à surprendre. A nous surprendre nous-mêmes aussi’.

Ici, il n’y a plus de règles venues de l’extérieur. Les chansons peuvent durer 10 minutes, les albums former des projets de 4 séquences, l’organique se confondre à la machine, la lenteur et l’hypnose faire l’amour à la surexcitation et aux envolées pleines de transpiration, les chanteurs se multiplier, les collaborations cesser ou émerger…Ceux qui parlent du contrôle sur les foules sont aussi ceux qui poussent leur art dans une infinie liberté. ‘C’est ce qui rend le projet si excitant. Chacun a sa manière de travailler et ça nous permet de faire les choses différemment à chaque fois : un bout de mélodie, une parole, un riff, tout peut être un point de départ. Et parfois, tout se passe même en studio’.

Controlling Crowds, ce sont des froideurs brutales intégrées aux bulles enveloppantes de voix toutes chaudes. Bouts de verres effrités contre peau sensible : il n’y a plus dedans et dehors, mais des émotions humaines vibrantes succombant dans un trou noir. D’une petite tête physique bien arrêtée partent des projections sans limite qui gagnent des océans et des flottements aveugles. Pour cette 4e partie, quelque chose de plus fragile s’ébrèche dans l’air. ‘Nous sommes sans arrêt en quête d’autre chose, nous faisons de la musique purement expérimentale…Nous cherchons à créer le meilleur album possible à chaque fois. Les différentes parties sont des sections, nous voulions créer comme plusieurs lieux différents. C’est un peu comme un film. Nous avions un projet très dense, il fallait créer des coupures. Cette 4e partie est plus atmosphérique, mais nous avions encore des choses à dire sur le thème du contrôle.’

Les rythmes sont obsédants, les échos envahissent toutes les dimensions de l’espace. Seuls les quelques sons hip hop font parfois retomber au sol où l’on perd quelques plumes…Mais pour reprendre son envol céleste sans transition.

The Empty Bottle s’ouvre sur une ponctuation chaleureuse de synthé lancinant pour supporter la voix magistrale et sensible. ‘C’est une chanson étonnante pour nous, lumineuse, mais c’est aussi l’histoire d’un chagrin d’amour et son rétablissement. Elle est très simple et honnête’. De cette tristesse émotive toujours perchée dans les différentes hauteurs de l’air vibratoire, Come On Get High est l’immense représentation : des notes qui finissent au fond de l’univers. Les lignes mélodiques se multiplient entre basse et de synthés pour composer une toile d’araignée solide tissée à 300 mètres, au-dessus de laquelle évoluent les voix organiques des funambules (David Penney, Pollard Berrier et Maria Q). To the end poursuit l’accent romantique dans un duo d’une pureté paroxysmique.

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Toute cette chaleur émotive fusionne systématiquement avec l’infini froid : Pictures retourne à des hauteurs illimitées, tapissée de ses faux violons mugissant continuellement, de flots de mers et d’ échos spatiaux. De temps en temps, on croise même de drôles de bruits indistincts et mouvementés. Echos de la civilisation inquiétants, allez savoir…Un jeu entre la lumière électro vocale libre et le retour à la prison qui nous enferme  ? ‘Nous sommes complètement dépendants d’un style de vie, et nous souhaitons parler de la tristesse de cette observation. Et peut-être, l’art est-il une bonne aide pour contrer cette dépendance. Même en démocratie, il nous semble que nous sommes libres, mais ce n’est pas le cas.’

Archive a quelques longueurs ambiantes peut-être, mais ce sont autant de moments où  l’on se repose des envolées sidérales éprouvantes pour revenir à  l’état de foetus. Quand la matière n’était pas encore tout à fait assemblée pour former la vie…Car Archive se peint très facilement, évoquant tout de suite un ensemble d’images fortes, dans cet état psychique où tous les matériaux sont flottants. ‘Le travail visuel du groupe est important pour nous. Associer la musique à d’autres formes d’art permet de gagner en étendue. C’est une ambiance que nous souhaitons créer pour que le spectateur soit intégré à cet univers quasi-irréel. En concert, nous faisons des spectacles complets’.

Le groupe vient présenter ses notes astronomiques à Paris. ‘C’est extraordinaire pour nous. C’est ici que notre projet pour Controlling Crowds a commencé. Nous ne pensons pas que le public français est froid, même si chez nous, les gens boivent et bougent. Ce sont deux cultures extrêmement différentes, c’est tout. Les français écoutent vraiment et ont tout de suite adhéré à notre son. Ils s’intéressent à l’art et sont réceptifs à la profondeur de notre travail.’

Ne pas avoir peur de perdre contact avec la vie, avec le réel, avec le quotidien, avec les évidences et les vérités…La tête dans les étoiles.

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