Un tramway nommé Désir, entre décors japonisants et jazzmans locaux

Avec Un tramway nommé Désir, Tennessee Williams devient le premier auteur non européen à entrer au répertoire de la Comédie-Française. C’est dire si l’on s’attendait à quelque chose de grandiose ! Et bien personnellement je n’ai pas été déçu même si j’aurais (très modestement !) quelques critiques à émettre.

Je confesse que je n’avais jamais lu la pièce de Tennessee Williams, j’avais vu le superbe film qu’en a fait Elia Kazan avec Brando. Petite piqure de rappel :

Stella, née dans une famille bourgeoise, aime Stanley Kowalski, ouvrier un peu rustre d’origine polonaise. Ils vivent heureux sans enfants dans un appartement minable de la Nouvelle-Orléans. Arrive la sœur de Stella, Blanche, qui contrairement à sa sœur, n’ignore pas d’où elle vient et le fait savoir. Ce qui agace Stanley au plus haut point. Seulement les hommes (et les femmes) étant ce qu’ils sont, une relation ambiguë s’installe entre Blanche et son beau-frère bien que tout les séparent. La pièce raconte sur fond de règlement de compte familial (Blanche a vendu la maison de famille) les aventures de ce trio plutôt baroque et la folie de Blanche qui est internée à la fin de la pièce.

Lee Breuer signe une mise en scène vraiment originale en faisant cohabité décors japonisants et jazzmans locaux. C’est curieux, on ne s’y fait pas tout de suite, mais ça marche ! Le procédé crée une sorte de distanciation pas inintéressante vis à vis du propos de Tennessee Williams. Faut-il y voir une volonté « d’universaliser » la pièce ? Oui ou non, le choix (ambitieux) de Breuer sonne juste.

La distribution, sans surprises, sonne juste elle aussi. Mais je ne peux m’empêcher de reprocher à Eric Ruff de composer un Kowalski assez inégal. Ce qui agace le plus c’est peut être son faux coté Brice de Nice ( ??!) qui l’amène à faire des trucs bizarres sans intérêt ! Cela n’apporte rien et réduit l’épaisseur dramaturgique du personnage. Toute mon admiration va à Grégory Gadebois, gros motard sentimental de son état. Il est tout à fait juste, touchant, sobre. Christian Gonon est parfaitement crédible en latino, la clope au bec, très amusant. Blanche (Anne Kessler) et Stella (Françoise Gillard) sont biens toutes les deux, particulièrement Françoise Gillard qui s’adapte très bien au personnage de la jeune Stella et lui donne du relief.

Au masque et la plume (émission culturelle hebdomadaire sur France Inter) les avis sont assez partagés. Armelle Héliot du Figaro adore : il (Lee Breuer) extrait de la pièce tout ce qui est tragique. Mais pour Jacques Nerson (Figaro), Anne Kessler n’a aucune sensualité. Tous saluent la prestation de Grégory Gadebois.

Un dernier détail, faut-il s’indigner du port de micros hf à la Comédie-Française ? Même si c’est presque invisible et qu’ils ne sont qu’un soutien aux acteurs ; dans une maison aussi à cheval sur la tradition (et avec raison je crois), c’est un peu surprenant.

Un tramway nommé Désir

Jusqu’au 02 juin 2011 salle Richelieu.
Durée du spectacle : 3h10 avec entracte.

Réservations sur le site de la Comédie Française.

Crédit photo: Cosimo Mirco MAgliocca


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