Reportage: Et Danakil enflamma l’Olympia!

Hier soir, la grande scène de l’Olympia accueillait Danakil, jeune groupe de reggae français. Pour son premier grand concert, l’escouade de Marly-le-Roi a offert un show à la joie contagieuse. 

 

« Générer de la joie avant que l’espoir ne meurt », la lyrique de la chanson phare « Marley » convient parfaitement à la soirée d’hier. Oui, la joie était palpable sur chaque centimètre carré de l’Olympia. Autant dans le public que sur la scène d’ailleurs. Balik, le chanteur, ne cessant de répéter l’importance de cette date incontournable pour son groupe de potes. Jouer à l’Olympia résonne en effet comme une première consécration pour ce groupe vieux d’une petite dizaine d’années. Et cette joie, ce bonheur d’être là pour partager un moment unique, Danakil a parfaitement su le communiquer. Si la salle n’était pas totalement pleine, elle était essentiellement composée d’inconditionnels. Peu de monde semblait être venu par hasard. D’où une cohésion qui opéra dès les premiers accords. La foule était présente pour voir Danakil entrer dans le monde des « grands », de ceux qui « font » l’Olympia. Une sorte de baptême du feu à la sauce roots-reggae. Alors à rendez-vous exceptionnel, concert exceptionnel. Une première partie des plus énergiques où la bande jamaïcaine de « Roots Underground » a mis un sacré bordel débutant la soirée tambour battant. Complètement survoltés, les Jamaïcains livrèrent mieux qu’une simple première partie. Ils n’ont pas chauffé la scène mais l’ont littéralement enflammée. A tel point que les 20 minutes d’entracte laissèrent planer un mini-doute. Danakil allait-il tenir ce rythme endiablé? Question futile balayée au bout de la première intro. 

 

Un public conquis

 

Fidèle à son style, faisant la part belle aux musiciens, le concert débute par une ode à la musique. Dans la plus pure tradition reggae, guitaristes et bassistes répondent aux cuivres et le public lui, se laisse entraîner dans un flow des plus roots aux senteurs de plantes médicinales. L’ambiance est chaude, la foule se resserre encore un peu devant la scène et l’Olympia, salle inaugurée en 1893, se laisse entraîner dans un tourbillon de couleurs « vert, jaune, rouge. » Le décor étant posé, le groupe ne lâche pas son emprise et s’en donne à choeur joie. « Le Champs des roses », « la Vie est longue », « Samouraïs », les titres se suivent toujours avec la même énergie débordante. Sur scène, le message délivré prend d’ailleurs encore plus d’épaisseur. Ces jeunes chantent, dansent, fument et foutent un gentil bordel, certes! Mais ils n’en oublient pas de défendre leurs valeurs de partage, de solidarité et proposent des solutions. Bien sûr, ce mardi soir n’était pas destiné au meeting politique, mais une foule de près de 2400 personnes qui se laisse transportée sur une mélodie prônant la cohésion mondiale, ne peut laisser indifférent en cette période bien trouble. Ces potes, qui se sont connus sur les bancs du lycée de Marly-le-roi, ont ainsi livré un joli message à une foule qui n’attendait que ça. Même à l’étage, le public assis, n’a pu retenir cette envie de partager sa joie. Nombreuses furent les personnes d’un certain âge prises en flagrant délit de « jeunisme », scandant les textes rageurs – qu’ils semblaient d’ailleurs connaître sur le bout des doigts – de ces fumeurs de verdure! 

 

En duo avec…son père!

 

La joie s’est donc propagée partout, enivrant chacune des âmes présentes dans cette salle historique de la musique hexagonale. Mais pour que la fête soit totale, Danakil ne pouvait livrer qu’un concert classique. Le groupe a donc pensé son show comme un cadeau. Pour le public d’abord lorsque Sebastian Sturm vint accompagner Balik pour un pur moment de bonheur. Le chanteur allemand, d’origine indonésienne, est ainsi venu poser son ton suave et son flow tout en nuance lors d’un joli clin d’oeil prouvant que l’Europe du reggae existe bel et bien. Dans un autre style, c’est General Levy est aussi venu filer un coup de pep’s. Survolté et virevoltant, le natif de Londres a, comme à son habitude, éclairer la fête sur un « Classical Option » aussi mouvementé qu’inoubliable. Puis Danakil n’a pas omis de se faire plaisir. Balik s’offrant un « kiff » en chantant en duo avec Michel…son père. Surprise générale dans le public lorsqu’un monsieur d’une cinquantaine d’années, sans dread ni style particulier, vint donner la réplique sur « Vieillards » qu’il a en fait lui-même écrit. Si le style du bonhomme tranchait forcément avec l’ambiance générale, la joie de ce duo familial transpirait trop pour ne pas emporter le public avec elle. Un autre petit plaisir de Balik, plus surprenant et peut-être moins réussi, fut une reprise inattendue d’Edith Piaf. La môme à la sauce reggae laissant une impression plus mitigée car tranchant un peu trop avec le style naturel du groupe. Seule mini fausse-note dans ce feu d’artifices vert-jaune-rouge. Le public, venu célébrer ce moment tant attendu par le groupe, repart donc avec la satisfaction d’avoir reçu ce qu’il était venu chercher: une ode au reggae, à la paix, à la cohésion mais surtout, du son varié et aussi enivrant que festif. Danakil quant à lui, peut continuer de célébrer Bob dans « Marley » car c’est un fait , ce groupe sait « générer de la joie… »

 


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