La révolution tunisienne risque-t-elle de contaminer le monde arabe ?

La révolution tunisienne sévit dans le pays depuis presque deux mois. La fuite du président Ben Ali n’a pour autant pas mis fin à la crise. Ces manifestations commencent à traverser les frontières et mettent le monde arabe sous tension. Des contestations en Algérie, au Maroc et en Jordanie reflètent un profond malaise social et politique.

Le 14 janvier, après vint-trois ans au pouvoir, le président tunisien, Zine el-Abidine Ben Ali a quitté la Tunisie pour l’Arabie Saoudite, qui lui a accordé l’asile politique. Le conseil constitutionnel a désigné le président du Parlement tunisien, Fouad Mebazaa comme président de la République par intérim. Actuellement, huit ministères sont toujours dirigés par le parti de Ben Ali ; Une Tunisie de Ben Ali ou sa présence est encore palpable par le peuple tunisien.

Alors que plus de 100 tunisiens ont trouvé la mort lors des émeutes des cinq dernières semaines, des milliers de personnes ont manifesté ce weekend pour protester contre le nouveau gouvernement de transition

« Les Tunisiens n’avaient pas l’intention d’exporter leur révolution populaire », c’est en ces termes que Moncef Marzouki, opposant historique tunisien a tenté d’apaiser la situation. Or, la révolution de Jasmin ne laisse pas indifférentes les populations arabes, l’Algérie, le sultanat d’Oman, le Maroc, le Soudan… tous ont pris conscience d’un malaise politique face aux dictatures.

A Alger, samedi, une manifestation pour la démocratie a fait 19 blessés. « Une Algérie libre, une Algérie démocratique ». Les manifestants brandissaient des drapeaux aux couleurs de leur pays, malgré l’interdiction des autorités. Le peuple Algérien ne comprend pas: Pourquoi ne mange-t-il pas à sa faim alors que l’Algérie de Bouteflika est riche de ses matières premières?

A Casablanca (Maroc), un homme a tenté de s’immoler par le feu, à la suite de problèmes d’héritage. C’est la première tentative de suicide par le feu au Maroc après les récentes tentatives d’immolation dans plusieurs pays de la région. Les Marocains reprochent au roi, Mohamed VI, une corruption et une captation des richesses de la famille royale. Sur le plan des libertés, les espoirs mis en place par son père, Hassan II se sont évanouis. La presse marocaine est aujourd’hui contrôlée et les journalistes marocains sont confrontés à des poursuites judicaires qui ont des conséquences très graves sur l’exercice de leur profession.

A Mascate, capitale du sultanat d’Oman, 200 personnes se sont rassemblés afin de protester contre la vie chère de cette monarchie de la péninsule arabique.

Au Soudan, près de 4000 personnes ont protesté ce vendredi contre le chômage et l’inflation dans plusieurs villes du pays appelant à la fin d’un régime totalitaire du président soudanais, El Béchir.

Un soudanais de 25 ans était hospitalisé ce weekend après avoir commis le même acte de désespoir que Mohammed Bouaziz, ce jeune tunisien qui s’était immolé par le feu le 17 décembre dernier.

Des rassemblements antigouvernementaux ont aussi eu lieu en Jordanie. On compte d’ores et déjà un mort et deux blessés en Egypte et un blessé en Mauritanie.

Quoi qu’il en soit, le départ de Ben Ali est sans doute le départ d’une nouvelle ère au sein du monde arabe. Resté longtemps fermés au respect des droits de l’homme, les dirigeants de ces pays doivent dorénavant apprendre à composer avec une nouvelle réalité.


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés