Service civique : L’expérience de Latifa à l’Afev 92

L’an dernier, après l’obtention de mon master, j’ai décidé de réaliser un service civique en relation avec le monde de l’enseignement, en cohérence avec mon projet professionnel, mais aussi, parce que j’avais besoin d’apporter ma pierre à l’édifice à cette cause du fait de mon histoire personnelle (ayant été dans des établissements situés en zone d’éducation prioritaire). J’avais, par le passé, connu l’Afev dans la région Centre Val-de-Loire par le biais d’une amie, il y a maintenant 5-6 ans. C’est donc tout naturellement que mon choix s’est tourné vers l’Afev (au pôle 92 – car je terminais mes études à l’université de Nanterre).

Durant dix mois, j’ai été volontaire en service civique à l’Afev, une association dont le leitmotiv est de lutter contre les inégalités sociales sous le prisme scolaire et de l’ouverture culturelle. En tant que volontaire en résidence, j’intervenais, à raison de deux jours par semaine, au sein d’un lycée situé dans les Hauts-de-Seine, afin d’y accompagner les élèves et impulser des projets avec eux. J’ai choisi de faire un service civique l’année suivant la fin de mes études pour deux raisons : d’abord pour profiter pleinement de cette expérience hors du commun, mais aussi, je pensais que c’était intéressant de la vivre avant de passer le concours du Capes en Histoire-Géographie.

Une expérience enrichissante sur les plans humain et professionnel

Le choix de ma mission visant à améliorer le climat scolaire et lutter contre l’échec scolaire tient à la fois de mon expérience personnelle, mais aussi, de ma vocation professionnelle.

La cause que défend l’Afev fait écho à mon projet professionnel mais aussi à mon vécu. Ayant été scolarisée dans un collège situé en zone d’éducation prioritaire (actuellement réseau d’éducation prioritaire (REP)), j’ai eu la chance d’avoir été accompagnée par ma grande sœur dans le choix de mes vœux pour le lycée, et dans le cheminement du gain de confiance en moi. Mais, nous n’avons pas tous la chance de bénéficier de cette bienveillance. C’est de là qu’est née mon envie de devenir enseignante en Histoire-Géographie en REP, afin de faire profiter de mon expérience. C’est tout naturellement qu’il m’a semblé primordial de réaliser un service civique en lien avec mon projet professionnel après l’obtention de mon Master 2 en Science politique, et pendant la préparation de mon CAPES.

L’identité, les discriminations, le manque de confiance en soi, des thématiques abordées dans ma mission

Avec le terrain et mon expertise acquise durant cette année, je pense que les problématiques relatives au complexe identitaire, aux discriminations raciales et/ou sociales, et au manque de confiance en soi sont étroitement liées à l’échec scolaire. Au lycée professionnel dans lequel je suis volontaire en résidence, lorsque je discutais avec les élèves de leur recherche de stage ou de leur projet pro, ils se montraient fatalistes et pessimistes. Ils se sentaient, pour la majorité, discriminés du fait de leur adresse, ou de leurs origines. Beaucoup d’élèves s’autocensuraient, également, dans leurs choix d’études supérieures, en pensant que l’université n’étaient pas faite pour eux. Or, il y existe de nombreuses passerelles les privilégiant davantage par rapport aux élèves issus des voies générales, du fait de leur professionnalisation depuis la Seconde.

Notre objectif avec ma binôme étaient de lutter contre cette autocensure, ce manque de confiance en soi et ce fatalisme. C’est pourquoi, nous avons, avec un assistant d’éducation, monté le projet « Citoyenneté », ayant pour but d’aborder diverses thématiques que sont l’identité, l’engagement, la démocratie, la laïcité, les discriminations, ou encore, le racisme. Des thématiques qui ne sont pas en rapport direct avec la scolarité mais qui sont connectés avec leur bien-être, et qui permettent donc de multiplier leurs chances de réussite. Je pense, en effet, que ces sujets sont importants à aborder avec ce public, à la limite du décrochage scolaire, parce qu’elles impactent directement sur leur motivation et leur volonté à réussir. Il est urgent que l’équipe pédagogique et éducative se saisisse de ces questions. La réussite des élèves ne passe pas seulement par les aides aux devoirs en cas de difficultés. Elle passe aussi par leur développement personnel, mais aussi, par leur confiance en eux-mêmes.


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés