ANDROMAQUE, je pense à vous!

Pour faire simple on résume souvent Andromaque au schéma suivant : Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui est fidèle à son époux défunt, Hector. « C’est donc un quintette, où l’amour se trompe toujours d’interlocuteur » écrit joliment Muriel Mayette, administratrice de la Comédie Française et qui signe la mise en scène. Tout cela est un peu léger pour approcher l’un des chefs-d’œuvre de Racine, mais l’objet de cet article n’est pas d’ergoter sur les tenants et les aboutissants de la pièce. Aussi vous en épargnerais-je une analyse fouillée que je serais d’ailleurs incapable de faire. Ceci étant dit, venons-en aux faits.

Il faut aller voir Andromaque au Français.

D’abord, et c’est déjà suffisant, pour réviser ses classiques. Et puis pour apprécier (ou non) une mise en scène assez fidèle semble-t-il à l’idée qu’on se fait du classicisme. Le mot est de Gilles Costaz, entendu au Masque et la plume.

Le décor ? Deux fois quatre colonnes face à nous, trois marches et une porte à cour et jardin. Quoi de plus classique en effet ? Peut être mais c’est tout à fait appréciable de voir qu’il n’y a pas toujours besoin de machines impossibles et de feux d’artifices dans tous les sens pour doper un peu une tragédie. Alors en réduisant le décor à sa plus pure fonction utilitaire, que reste il ? Le Verbe. Et chez Racine, vous admettrez que c’est relativement très très très important, le Verbe. Et le spectateur de s’y atteler d’autant plus facilement qu’aucune fantaisie ne vient troubler la liturgie. Dans ce sens, le décor, par sa sobriété, est une réussite.

Les acteurs aussi subissent ce phénomène de dépouillement. Vêtus de très beaux costumes en lambeaux, leur démarche et leurs gestes sont ralentis. Ils ne se touchent quasiment pas, se regardent rarement. Dans ces conditions on peut comprendre que les critiques furent très vite assez partagées. Et le grand gagnant de ce parti pris, c’est le texte à qui est rendu la première place. Comme si le texte (presque) seul suffisait. Deux corps, deux voix, une histoire.

Notons la remarquable prestation de Léonie Simaga (dans le rôle d’Hermione) avec Eric Ruf (Pyrrhus). Moins convaincante, Cécile Brune compose une Andromaque sans trop de couleurs. L’utilisation de la musique surprend mais ce n’est pas désagréable, on peut cependant estimer qu’elle revient trop régulièrement.

Quelqu’un parlait de spectres à propos des personnages. L’image est assez juste je crois. Rien de shakespearien là dedans bien sûr, mais c’est très étonnant de voir errer lentement, autour des colonnes, ces personnages torturés à la recherche d’un compromis qui limiterait le bain de sang. Malheureusement cette errance, alourdie par le rythme de la pièce, rend certaines scènes un peu longuettes.

Andromaque

Salle Richelieu en alternance du 16 octobre 2010 au 14 février 2011. Représentations Salle Richelieu, matinée à 14h, soirées à 20h30. Prix des places de 5 € à 37 €. Renseignements et location : tous les jours de 11h à 18h aux guichets du théâtre et par téléphone au 01 44 58 15 03, sur le site internet www.comedie-francaise.fr.


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