Bac 2016 : le coup d’envoi lancé aujourd’hui avec l’épreuve de Philo

Plus de 695 000 candidats au baccalauréat composent aujourd’hui. Le coup d’envoi a été lancé, ce matin, à 8 heures.

La première épreuve a commencé ce matin, à 8 heures. Et comme chaque année, la Philosophie ouvre le bal. 52,1% des candidats passent un bac général, 28,2%, un bac professionnel, et 19,7%, un bac technologique. Cette année, le benjamin des candidats est âgé de 14 ans. Le doyen, lui, a 82 ans. Pour le bac général, cette semaine, ce sont les épreuves d’Histoire-Géographie et de la langue vivante 1 qui se profilent, respectivement, demain, jeudi, et vendredi. La semaine prochaine, selon les séries, les candidats passeront les épreuves de Littérature, de Mathématiques, de Sciences économiques et sociales, et de Chimie, lundi et mercredi.

Planète Campus en profite pour souhaiter bon courage à tous les candidats ! 🙂

[Les sujets sont tombés. Source : Konbini]

Sujets de dissertation :

  • Série L :

Nos convictions morales sont-elles fondées sur l’expérience ?
Le désir est-il par nature illimité ?

  • Série S :

Travailler moins, est-ce vivre mieux ?
Faut-il démontrer pour savoir ?

  • Série ES :

Savons-nous toujours ce que nous désirons ?
Pourquoi avons-nous intérêt à étudier l’histoire ?

Sujets de commentaires de texte :

  • Série L :

Est-ce qu’il existe aucun fait qui soit indépendant de l’opinion et de l’interprétation ? Des générations d’historiens et de philosophes de l’histoire n’ont-elles pas démontré l’impossibilité de constater des faits sans les interpréter, puisque ceux-ci doivent d’abord être extraits d’un chaos de purs événements (et les principes du choix ne sont assurément pas des données de fait), puis être arrangés en une histoire qui ne peut être racontée que dans une certaine perspective, qui n’a rien à voir avec ce qui a eu lieu à l’origine ? Il ne fait pas de doute que ces difficultés, et bien d’autres encore, inhérentes (1) aux sciences historiques, soient réelles, mais elles ne constituent pas une preuve contre l’existence de la matière factuelle, pas plus qu’elles ne peuvent servir de justification à l’effacement des lignes de démarcation entre le fait, l’opinion et l’interprétation, ni d’excuse à l’historien pour manipuler les faits comme il lui plaît. Même si nous admettons que chaque génération ait le droit d’écrire sa propre histoire, nous refusons d’admettre qu’elle ait le droit de remanier les faits en harmonie avec sa perspective propre ; nous n’admettons pas le droit de porter atteinte à la matière factuelle elle-même. Pour illustrer ce point, et nous excuser de ne pas pousser la question plus loin : durant les années vingt (2), Clémenceau, peu avant sa mort, se trouvait engagé dans une conversation amicale avec un représentant de la République de Weimar (3) au sujet des responsabilités quant au déclenchement de la Première Guerre mondiale. On demanda à Clémenceau : “À votre avis, qu’est-ce que les historiens futurs penseront de ce problème embarrassant et controversé ?” Il répondit : “Ça, je n’en sais rien, mais ce dont je suis sûr, c’est qu’ils ne diront pas que la Belgique a envahi l’Allemagne.”

Hannah Arendt, “Vérité et politique”, in La Crise de la culture (1964)

  • Série S :

Je n’ignore pas que beaucoup ont pensé et pensent encore que les choses du monde sont gouvernées par Dieu et par la fortune (1), et que les hommes, malgré leur sagesse, ne peuvent les modifier, et n’y apporter même aucun remède. En conséquence de quoi, on pourrait penser qu’il ne vaut pas la peine de se fatiguer et qu’il faut laisser gouverner le destin. Cette opinion a eu, à notre époque, un certain crédit du fait des bouleversements que l’on a pu voir, et que l’on voit encore quotidiennement, et que personne n’aurait pu prédire. J’ai moi-même été tenté en certaines circonstances de penser de cette manière.
Néanmoins, afin que notre libre arbitre (2) ne soit pas complètement anéanti, j’estime que la fortune peut déterminer la moitié de nos actions mais que pour l’autre moitié les événements dépendent de nous. Je compare la fortune à l’un de ces fleuves dévastateurs qui, quand ils se mettent en colère, inondent les plaines, détruisent les arbres et les édifices, enlèvent la terre d’un endroit et la poussent vers un autre. Chacun fuit devant eux et tout le monde cède à la fureur des eaux sans pouvoir leur opposer la moindre résistance. Bien que les choses se déroulent ainsi, il n’en reste pas moins que les hommes ont la possibilité, pendant les périodes de calme, de se prémunir en préparant des abris et en bâtissant des digues de façon à ce que, si le niveau des eaux devient menaçant, celles-ci convergent vers des canaux et ne deviennent pas déchaînées et nuisibles.
Il en va de même pour la fortune : elle montre toute sa puissance là où aucune vertu n’a été mobilisée pour lui résister et tourne ses assauts là où il n’y a ni abris ni digues pour la contenir.

Machiavel, Le Prince (1532)

  • Série ES :

[…] Parce que nous savons que l’erreur dépend de notre volonté, et que personne n’a la volonté de se tromper, on s’étonnera peut-être qu’il y ait de l’erreur en nos jugements. Mais il faut remarquer qu’il y a bien de la différence entre vouloir être trompé et vouloir donner son consentement à des opinions qui sont cause que nous nous trompons quelquefois. Car encore qu’il n’y ait personne qui veuille expressément se méprendre, il ne s’en trouve presque pas un qui ne veuille donner son consentement à des choses qu’il ne connaît pas distinctement : et même il arrive souvent que c’est le désir de connaître la vérité qui fait que ceux qui ne savent pas l’ordre qu’il faut tenir pour la rechercher manquent de la trouver et se trompent, à cause qu’il les incite à précipiter leurs jugements, et à prendre des choses pour vraies, desquelles ils n’ont pas assez de connaissance.

René Descartes, Principes de la philosophie (1644)

Les sujets du bac technologique

Pour être juste, suffit-il d’obéir aux lois ?
Pouvons-nous toujours justifier nos croyances ?
Commentaire d’un extrait de Causeries, de Merleau-Ponty (1948).

Les sujets du bac en Guyane

  • Série L :

Le réel se réduit-il à ce que l’on aperçoit ?
La politique est-elle l’affaire de tous ?
Commentaire d’un extrait de “Doctrine de la vertu” (Métaphysique des mœurs),de Kant.

  • Série S :

Le désir nous éloigne-t-il du vrai ?
La technique nous sert-elle à être maître de la nature ?
Commentaire d’un extrait du Traité politique de Spinoza.

  • Série ES :

L’histoire peut-elle éclairer l’avenir ?
Être libre, est-ce ne rencontrer aucun obstacle ?
Commentaire d’un extrait de De l’amitié de Cicéron.

  • Bac technologique :

Pouvons-nous nous passer de l’art ?
Toutes les croyances se valent-elles ?
Questions autour d’un extrait de Cahiers pour une morale de Sartre.


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