Place de la République : de l’Etat d’urgence au recueillement

C’est par un bien triste anniversaire que commence cette année 2016 : celui des attentats de janvier 2015 qui ont visé la rédaction de Charlie Hebdo ainsi que l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes.

Hommage aux attentats de l’année

Une cérémonie officielle a été organisée ce lundi 11 janvier place de la République, en souvenir à la fois des évènements, mais aussi de l’énorme « Marche Républicaine » qui avait mobilisé plus de 1,5 million de personne l’année dernière. Lors de cet hommage étaient présents des personnalités officielles dont le président François Hollande, mais aussi des artistes comme Johnny Halliday ou le chœur de l’armée Française, qui ont chanté en hommage aux victimes. A la marge de cette cérémonie, de nombreuses personnes sont passées sur la place de la République dans la journée en mémoire des attentats. Pour le dessinateur Boulet sur Twitter, l’ambiance sur cette place ce 7 janvier correspond à « la création du zéro sur l’échelle de la joie de vivre. »

Car il ne s’agit bien sûr pas seulement des attentats de janvier. Les esprits sont également profondément marqués par l’autre série d’attentats qui a marqué l’année : ceux de novembre dernier ayant touché de nombreux endroits dans Paris, du stade de France au Bataclan en passant par la rue Charonne. Impossible de ne pas y penser en rendant hommage aux victimes des attentats de l’année dernière. Ces 130 victimes ont marqué la fin de l’année comme celles de Charlie Hebdo en avaient marqué le début.

Terrorisme et conséquences

Ces deux séries d’évènements ont profondément frappé les esprits, chacun à sa manière. Les deux ont également entraîné des conséquences juridiques. En particulier ceux de novembre qui ont été suivis d’une mesure particulièrement radicale de la part du gouvernement : l’Etat d’urgence, renforçant les pouvoirs de la police pour une durée de trois mois. Et cette même place de la République sur laquelle a eu lieu l’hommage de jeudi a également été il y a quelques mois le théâtre des effets cet Etat d’urgence. En effet, parmi les mesures prévues par cette situation spéciale se trouve l’interdiction de manifester sauf autorisation expresse de la préfecture. Or, du 30 au 12 décembre se tenait à Paris la conférence Internationale pour le Climat, la COP21, pour laquelle de grandes mobilisations citoyennes avaient été prévues depuis plus d’un an. Certains militants, jugeant l’interdiction de leur marche anti démocratique, ont décidé de maintenir leur rassemblement place de la République. Des heurts ont eu lieu entre ces manifestants et les forces de l’ordre, menant au bouclage complet de la place de la république et à près de 200 interpellations.

C’est ainsi, sur une seule place au centre de Paris qu’ont eu lieu en l’espace d’un an la répression d’une manifestation écologiste, un hommage aux victimes de deux séries d’attentats et une manifestation défendant la liberté d’expression. Une place de la République qui cristallise probablement les inquiétudes et les tensions ayant marqué l’année qui concentre les deux plus importants attentats en France depuis les années 60. Une place qui symbolise donc les défis qui nous attendent pour cette année 2016 : comment gérer en même temps la menace terroriste et ses retombées politiques ?


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