Tremblement de terre à la FIFA

La FIFA a vécu aujourd’hui deux énormes secousses. Son (désormais ex-)président, Sepp Blatter, et le favori à sa succession, Michel Platini, ont été suspendus provisoirement 90 jours par la commission éthique de la FIFA, a annoncé l’organisation ce jeudi. 

Les plus pessimistes l’annonçaient, c’est désormais officiel : Blatter et Platini sont suspendus de toute activité liée au football à partir d’aujourd’hui, et ce pour les 3 prochains mois, au moins. Une annonce potentiellement désastreuse pour Michel Platini, président de l’UEFA et jusque-là favori pour succéder à Sepp Blatter, empêtré dans le scandale planétaire de corruption qui secoue la FIFA. Selon les statuts, après la suspension provisoire des cadres de la direction, le vice-président assure l’intérim. C’est le président de la Confédération africaine de football (CAF), le sulfureux Camerounais Issa Hayatou, qui prend donc provisoirement la tête de l’organisation. Cette nomination provisoire a été confirmée par la FIFA, qui vient de frapper fort après la suspension de son désormais ancien président ainsi que de son (ex?) rival dans la course à la présidence aux prochaines élections de février 2016, Michel Platini.

La candidature de Platini « pas automatiquement écartée », mais compromise.

La commission d’éthique vient donc de compliquer sérieusement la tâche de Michel Platini. Cette suspension pourrait être prolongée de 45 jours. Les deux hommes font en effet l’objet d’une enquête de la justice suisse pour un « paiement déloyal » de 1,8 million d’euros versé par la FIFA à Michel Platini. Si la candidature de ce dernier à la tête de la FIFA, qui doit être déposée au 26 octobre, est très compromise, elle n’est pour autant pas « automatiquement écartée », a néanmoins annoncé l’organisation quelques instants après la suspension, assurant que la commission électorale serait amenée à juger de l’opportunité de sa candidature.

L’ancien secrétaire général de la FIFA, bras-droit de Blatter pendant de longues années, Jérôme Valcke, a également écopé de 90 jours de suspension. Autre sanction forte, celle-ci dans les tuyaux depuis plusieurs jours : l’éviction de l’ancien vice-président de l’organisation, Chung Mong-joon. Ce dernier est condamné plus lourdement pour des affaires portant sur des montants autrement supérieurs : il écope de six ans de suspension, ainsi que d’une amende d’environ 100 000 francs suisses. Le communiqué précise en outre que ces suspensions sont d’effet immédiat. « Pendant les périodes mentionnées, les personnalités citées sont bannies de toute activité liée au football que ce soit sur le plan national ou international », mentionne ledit communiqué du comité d’éthique. Il est possible, pendant les deux prochains jours, aussi bien pour Michel Platini que pour Sepp Blatter, de faire appel de cette décision devant le comité des recours.

Parole à la défense.

L’ancien président de la FIFA, a réagi ce jeudi par la voie de ses  avocats.

« Le président Blatter est déçu de voir le Comité d’Ethique ne pas suivre le code de l’éthique et le code disciplinaire qui, tous les deux, prévoient une possibilité d’être entendu. En outre, le Comité d’Ethique a fondé sa décision sur un malentendu des actions menées par le procureur général de Suisse, qui a ouvert une enquête mais n’a porté aucune accusation contre le Président. D’ailleurs, les procureurs seront obligés par la loi d’abandonner l’affaire si leur enquête, qui n’a débuté qu’il y a deux semaines, n’établissait pas de preuves suffisantes. Le président Blatter se réjouit de la possibilité de présenter des preuves qui permettront de démontrer qu’il ne s’est en rien rendu coupable de la moindre mauvaise conduite, criminelle ou autre. »

Quant à Michel Platini, en faveur duquel bon nombre de voix se sont élevées, notamment en France, il avait anticipé cette décision et avait publié un communiqué ce matin.

« Depuis hier soir, des informations prêtent à la chambre d’instruction de la commission d’éthique de la FIFA l’intention de recommander à sa chambre de jugement qu’elle prononce à mon encontre une suspension de quatre-vingt-dix jours. La portée de cette information est d’une incontestable gravité ; elle l’est d’autant plus qu’elle émane apparemment d’une source officielle de la FIFA, alors même que la commission d’éthique, censée agir en toute indépendance, n’a pas encore rendu sa décision. Insidieuse dans sa nature et inacceptable dans son procédé, cette fuite délibérée vise ni plus ni moins à porter atteinte à mon image. Au cours des dernières semaines, j’ai souligné ma disposition à collaborer pleinement avec les autorités en charge des différentes enquêtes, dans le respect des règles de procédure les plus strictes. La FIFA les a quant à elle clairement bafouées. J’ai toujours agi et me suis toujours exprimé avec honnêteté, courage et franchise car j’estime que c’est mon devoir moral. Si les intentions prêtées à la chambre d’instruction de la commission d’éthique de la FIFA venaient à se confirmer, je ne ménagerai pas mes efforts pour que la vérité s’impose. Que personne ne doute de ma volonté déterminée à atteindre cet objectif.
Il reviendra entre temps à une justice sereine, indépendante et impartiale de faire la lumière sur les faits qui ont valu à la commission d’éthique de la FIFA d’ouvrir une procédure d’instruction. Ce matin, j’ai adressé les lettres de soutien requises pour pouvoir déposer ma candidature à la présidence de la FIFA. Comme je l’ai toujours fait depuis 2007, je prendrai mes responsabilités après avoir consulté les 54 Associations Nationales membres de l’UEFA auxquelles je demanderai de se réunir prochainement à Nyon. Dans le même temps, j’irai à la rencontre de l’ensemble des confédérations et des Associations Nationales membres de la FIFA, dans l’esprit d’ouverture qui m’a toujours caractérisé. J’ai, en tout état de cause, la certitude que nous surmonterons cette difficulté en toute transparence et dans l’unité qui fait la force du football. »


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