L’OM règle ses comptes avec ses supporteurs

Le président de l’Olympique de Marseille, Vincent Labrune, s’est exprimé ce jeudi à RTL sur l’actualité de son club, et notamment sur l’accord historique trouvé avec les supporteurs. Le club est désormais le seul gérant de la totalité des places disponibles au stade Vélodrome. Certains y voient les prémices d’une vente prochaine de l’OM. Lui s’en défend sur le court terme.

« C’est une vraie satisfaction que d’aller vers plus de transparence, de clarté, de lisibilité, et de l’avoir fait en concertation avec nos groupes de supporteurs. On ne l’a pas fait contre eux mais avec eux », s’est exprimé Vincent Labrune. Le président de l’OM évoque ainsi les longues discussions entamées depuis les tristes événements du 20 septembre dernier, où des supporteurs de Marseille avaient affiché une potence à l’effigie de l’ancien marseillais Valbuena, et où des projectiles, dont des bouteilles en verre, avaient été jetés sur les joueurs lyonnais, dont Mathieu Valbuena et Anthony Lopes, le gardien de but. Cas unique en France depuis 1987, les places des virages du stade vélodrome étaient gérées et distribuées par les associations de supporteurs marseillaises. Symbole de la ferveur et du lien qui uni le club à son public, ce système avait néanmoins l’inconvénient d’empêcher le club de faire entrer des recettes et d’avoir une mainmise totale sur la sécurité aux abords et dans le stade. « Ils étaient venus vers nous déjà il y a quelques mois pour nous ouvrir certaines portes et on a profité effectivement d’un problème réel pour avancer et essayer d’en faire une opportunité. Je pense qu’aujourd’hui, c’est la meilleure des choses qui pouvait arriver au club », insistait Vincent Labrune, conscient d’avoir quelque peu utilisé au profit du club le contexte de tension et la mauvaise image renvoyée par les supporteurs.

Un « coup dans le dos » selon certains supporteurs, dont le plus célèbre d’entre tous, l’excentrique René Malleville. « Le principal, c’est que les clubs soient maintenus et qu’ils aient les moyens de continuer leurs animations qui sont reconnues dans l’Europe entière, avec ces virages en fusion, ces tifos merveilleux. L’essentiel, c’est que les groupes ne soient pas dissous, parce que si c’est pour, à terme, devenir comme au Parc des Princes, ce n’est pas la peine. »

Un accord historique qui ne rassure pas les craintes des supporteurs.

Car c’est en effet la crainte des supporteurs : la vente du club à court terme et la dissolution des associations de supporteurs à long terme. Dans ce schéma de craintes, l’éradication de la violence dans les stades passe par l’interdiction d’entrée au stade des personnes violentes et l’augmentation du prix des billets, à l’image de ce que le président Leproux a effectué au Paris Saint-Germain. Au final, ces mesures visent généralement à donner une meilleure image du club, notamment dans l’optique de le vendre. « Ce qui m’inquiète un peu, livre René Malleville, c’est que j’ai l’impression que ce sont les prémices de la vente du club. Attention, je veux bien qu’il soit vendu, mais pas à n’importe qui. Si c’est pour faire comme à Paris et liquider les clubs de supporteurs, augmenter les tarifs et aseptiser complètement l’ambiance, je ne suis pas d’accord. Si un repreneur vient, il doit continuer de collaborer avec les supporteurs et les aider. C’est l’ambiance des virages qui a fait la réputation de l’OM ! »

Pour Vincent Labrune, il n’est pas question de vendre le club dans le court terme. Il est plutôt question de faire amende honorable devant la Ligue professionnelle de football (LFP). « Je pense qu’on a été sanctionné par un tribunal médiatique assez fortement déjà, avoue-t-il. On en a tiré les conséquences, on a pris beaucoup de mesures depuis le match contre Lyon, on ne pouvait pas faire plus, on a annulé le déplacement de nos supporteurs à Paris, on a pris des grosses mesures en terme de sécurité, on a récupéré, en accord avec nos groupes, la commercialisation des abonnements… »

Et à la question de savoir si l’OM est à vendre, le président Labrune dément… sans vraiment démentir ? A vous de juger. « Non, l’OM n’est pas à vendre, mais on a un cahier des charges, je le dis assez souvent, assez précis de l’actionnaire, d’essayer de baisser les charges, d’augmenter les recettes, pacifier l’environnement général, ce qu’on a fait. Aujourd’hui on n’a pas d’acquéreurs, mais c’est sûr que tout ce qui va dans le sens de policer, d’améliorer l’image du club peut aller dans le sens d’attirer de nouveaux investisseurs de façon à avoir l’équipe la plus compétitive dans les années à venir, et à ce titre-là cela peut-être effectivement un objectif. »

En tout cas côté supporteurs, on a de plus en plus de mal avec ce discours de la direction marseillaise. L’on comprend que le club va être vendu à long terme, mais l’on veut également préserver les groupes de supporteurs, sans lesquels l’ambiance de stade Vélodrome n’aurait pas acquis ses lettres de noblesse. « S’il y en a un que je ne crois pas, c’est bien Vincent Labrune, clamait René Malleville. Je le répète, j’ai des doutes. Je pense que Lyon et les jets de canettes ont été un déclencheur pour commencer à mettre le club en coupe réglée en vue d’une vente à moyen terme. On veut maîtriser les supporteurs en vue d’une vente, c’est ce que je crois, et si c’est le cas, j’espère qu’il y aura une clause stipulant le maintien des groupes de supporteurs. Le Vél’ sans eux, ce n’est plus le stade Vélodrome. L’OM est ce qu’il est grâce à ses supporteurs et à leur ferveur ! »


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