Union européenne : 10 ans après le référendum sur le traité constitutionnel

Il y a 10 ans, le 29 mai 2005, les Français disaient non au référendum sur la ratification du traité constitutionnel européen à 54,67%. Ces « non »-les Néerlandais et les Irlandais ont également voté « non »- ont provoqué une crise importante au sein de l’Union européenne. En 2007, Nicolas Sarkozy se démenait pour faire ratifier le traité de Lisbonne par voie parlementaire.

Ces deux textes sont d’ailleurs assez proches, avec quelques changements de dénomination : retrait du terme de « constitution », « ministre des Affaires étrangères », de certains symboles…

Le rejet du traité constitutionnel a montré le décalage entre les différentes classes sociales. Si environ 62% des cadres supérieurs et des professions libérales se sont prononcés en faveur, ils ne sont que 38% parmi les employés et 26% au sein de la population ouvrière. Les classes moyennes se sont exprimées contre à 62% alors que seulement 53% avait voté contre le traité de Maastricht en 1992.

Etait-ce dû à la complexité du texte, qui a dissuadé les classes populaires de participer aux débats ?

Une relation compliquée entre l’UE et ses citoyens

De la création de la Communauté économique européenne (CEE) en 1957 aux milieux des années 1990, le projet européen s’est essentiellement construit sans les peuples. Jusqu’à cette date, nous observons un consensus permissif de la part des citoyens. Les résultats sont là : paix, prospérité économique. Ils acceptent mais sans comprendre. Dans les années 1990, la situation économique devient plus difficile et l’UE sort d’un processus diplomatique pour devenir politique avec l’élargissement de ses domaines de compétences. Ensuite, avec la chute du mur de Berlin, l’intégration d’Etats de l’Europe centrale devient possible. Les Français commencent à se poser des questions sur le fonctionnement de l’UE à 28.

L’Union européenne est de plus en plus souvent vue comme une « grosse machine », opaque, ne se souciant pas du quotidien de ses citoyens. Le décalage et la fracture entre Bruxelles et le peuple s’intensifie alors que de plus en plus de mécanismes sont instaurés pour améliorer la légitimité démocratique de l’UE. Nous pouvons citer l’initiative citoyenne européenne, l’élection du président de la Commission européenne par le Parlement européen (sur proposition du Conseil européen) ou encore le rôle de plus en plus important du Parlement, seul organe élu par le peuple…

Et si les Français revotaient aujourd’hui ?

Selon un sondage Ifop pour Le Figaro, 62% des Français (7 points de plus qu’en 2005) rejetteraient le traité constitutionnel. Les opinions sur l’Union européenne sont assez contradictoires : 62% demandent que les politiques économiques et budgétaires soient décidées par les Etats alors que 59% souhaiteraient la création d’un poste de ministre de l’Economie et des Finance européen. Ils sont une très grande majorité à être opposés à la sortie de l’euro (71%).

Continuons dans les paradoxes, 60% des interrogés aimeraient qu’un président de l’Europe soit élu au suffrage universel direct ! Quelle légitimité populaire pour un haut fonctionnaire européen ! 71% s’expriment également en faveur d’une armée européenne. Rappelons que ce concept avait été proposé par la France et refusé par… la France…

Par contre, 60% des Français souhaiteraient que les accords Schengen soient réévalués.

Que pensez-vous de l’avenir de l’Union européenne ? Faut-il davantage d’Europe, moins d’Europe ou une autre Europe ?


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