Génocide arménien : commémorations du centenaire

Nous voilà 100 ans après le génocide qui a provoqué la mort de 1,5 millions d’Arméniens sur les 2 millions vivant dans l’Empire Ottoman en 1914.

Le lendemain de la canonisation des victimes par l’Eglise arménienne, l’Arménie organise les commémorations du centenaire du drame. Des centaines de milliers de personnes sont attendues, dont François Hollande et Vladimir Poutine.

Alors que l’Allemagne reconnaît désormais le génocide et sa coresponsabilité, la Turquie nie toujours le génocide des Arméniens. Au total, une vingtaine de pays (dont la France et quelques États des États-Unis) a reconnu le génocide arménien. Le Parlement européen a fait de même, contrairement à l’Onu ou aux États-Unis. Le terme génocide est loin de faire l’unanimité et certains États préfèrent ne pas utiliser le terme de peur de froisser la Turquie.

Retour 100 ans en arrière…

C’est dans la nuit du 24 au 25 avril 1915 que commence le génocide arménien avec l’arrestation de 250 intellectuels. La décision de mener un plan d’extermination des Arméniens au sein de l’Empire Ottoman a été prise entre le 20 et le 25 mars 1915 lors de plusieurs réunions du comité central du CUP (Comité Union et Progrès).

En pleine Première Guerre Mondiale, l’Empire Ottoman, engagé aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche essuie plusieurs défaites dont celle de Sarikamich contre la Russie en janvier 1915.

Le pouvoir et les médias turcs accusent les 2 millions d’Arméniens de trahir l’Empire et de servir les Russes.

L’Organisation spéciale (OS), fondée en 1914, se chargent des exécutions. Ce groupe paramilitaire, sous la direction du docteur Bahaeddine Chakir, est composé de 12 000 hommes, Kurdes, musulmans des Balkans et du Caucase, criminels amnistiés. La Direction générale de l’installation des tribus des migrants (DITM) s’occupe d’organiser les déportations.

La première phase d’extermination (avril à octobre 1915) consiste à vider six provinces orientales : Bitlis, Van, Sivas, Erzurum, Diyarbakir, Mamuret ul-Aziz. Après l’exécution de 58 000 Arméniens, les survivants ont organisé leur résistance à Van. En mai 1915, ils sont libérés par l’armée russe.

Soi-disant en réaction à cette rébellion, l’Etat ordonne l’exécution des élites arméniennes dans les grandes villes de l’Empire Ottoman, à l’exception de Constantinople et Smyrne (Izmir), de peur des réactions de ses voisins européens.

Ces derniers réagissent tout de même le 24 mai dans une déclaration commune « La France, la Grande-Bretagne et la Russie tiendront pour personnellement responsables ceux qui auront ordonné ces crimes contre l’humanité et la civilisation ».

Le gouvernement jeune-turc n’en tient pas rigueur et entreprend même de légaliser la déportation.

Entre avril et août 1915, le nombre d’Arméniens déportés augmente considérablement : 35 500 en avril, 131 408 en mai, 225 499 en juin, 321 150 en juillet et 276 800 en août. D’avril à octobre, un total de 1,2 millions d’Arméniens ont été envoyés dans les déserts de Mésopotamie et de Syrie.

La deuxième phase s’étend sur l’année 1916. Le gouvernement décide d’exterminer les déportés.  700 000 Arméniens survivent alors dans la vingtaine de camps ouverts en Syrie qui deviennent alors des camps d’extermination.

Les 500 000 survivants ont immigré en Europe, en Amérique ou ont élu domicile dans le Caucase. D’autres sont restés à Istanbul, certains ont été convertis de force à l’Islam. Les responsables du génocide, membres du gouvernement jeunes-turc ont été condamnés à mort par contumace en 1919. Entre 1921 et 1922, sept d’entre eux sont exécutés par des commandos dans le cadre de l’opération Némésis, déesse de la vengeance grecque.


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