« Enfants fantômes » : condamnés au rejet social ?

Peu de gens le savent et pourtant ils sont des millions. Des millions d’enfants privés d’un de leurs droits fondamentaux : celui d’avoir une identité reconnue.

Au moins 230 millions

L’acte de naissance, un document officiel banal en France mais inexistant pour au moins 230 millions d’enfants en Afrique Sub-Saharienne, en Asie du Sud mais aussi en Europe selon l’Unicef. Laurent Dejoie et Abdoulaye Harissou, membres de l’Association du Notariat francophone décrivent ces situations dans Les enfants fantômes (Ed. Albin Michel).

Des enfants sans avenir

« Moussa, jeune enfant peulh, intelligent et brillant élève de CM2 (…) pleure de toutes ses forces : il vient d’être informé par son maître, M. Mvondo, les larmes aux yeux, qu’il ne peut se présenter ni à l’examen du certificat d’études primaires, ni au concours d’entrée en 6e, parce qu’il n’a pas d’acte de naissance. » Ces premières lignes du livre nous plongent dans une réalité qui fâche. Ces « enfants fantômes » n’ont pas eu la « chance » d’un des auteurs Adoulaye Harissou qui explique au journal 20 minutes que, lui, il a réussi à obtenir son acte de naissance à six ans.

Payer pour une identité

Pourquoi sont-ils dépourvus d’identité ? Dans certaines cultures, donner un nom à un enfant dès sa naissance porte malheur. Dans d’autres pays, l’enregistrement se révèle payant et des discriminations sont fréquentes. L’Unicef combat aux côtés de l’Association du Notariat francophone pour donner une identité à ces enfants de l’ombre, indispensable à leur développement, leur protection et leur insertion dans la société. Cette ouvrage nous fait découvrir ces équipes qui se battent, chaque jour sur le terrain, au travers d’opérations pour aider ces enfants à avoir une vie « normale ».

Respect et dignité

Engagé pour Unicef France, Robert Badinter, l’ancien Garde des Sceaux signe la préface du livre. « Rien ne saurait justifier le silence qui enveloppe la condition cruelle de ces enfants fantômes. Tout être humain a droit au respect de sa personne et de sa dignité. L’enfant fantôme, parce qu’il n’a pas d’existence légale, est un enfant perdu dans ce monde difficile. Il est condamné, par là-même, à l’ignorance, la misère et le rejet social. Nous ne saurions accepter la condition injuste et douloureuse de ces millions d’enfants et d’êtres humains. C’est à une véritable mobilisation des Etats et des citoyens dans le monde qu’appelle cet ouvrage. » Il a par ailleurs expliqué au micro de RTL qu’il fallait mettre un terme à ce « fléau international ».


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